Éric Piolle, maire de Grenoble, et son adjointe à la jeunesse, Annabelle Bretton, se sont prêtés au jeu des questions.
Éric Piolle, maire de Grenoble, et son adjointe à la jeunesse, Annabelle Bretton, entourés des jeunes du centre ado des Baladins.

© Auriane Poillet

Les jeunes du centre des Baladins ont rencontré le maire de Grenoble

Ils s’appellent Awa, Fatou, Mélina, Jinane, Ahmed, Ayline et Sabrine. Ils sont jeunes, habitent La Villeneuve et se sont glissés dans la peau de journalistes particulièrement avisés. Le maire de Grenoble a bien voulu répondre à toutes leurs questions !

Enfance et Jeunesse

Par Isabelle Touchard, publié le 29 août 2024

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Avant d’être maire, vous faisiez quoi, et après, vous allez faire quoi ?

Avant d’être maire, j’ai travaillé 18 ans dans l’industrie en tant qu’ingénieur. J’ai fait un stage dans une carrière qui fait de la chaux. J’ai travaillé dans des usines qui font des roulements à billes pour les voitures et des usines qui font des camions. Et ensuite, je me suis occupé de la réparation des ordinateurs, des imprimantes, des serveurs pour l’Europe, le Moyen-Orient, l’Afrique pour un constructeur qui s’appelle HP. J’ai travaillé dans l’énergie pour Schneider aussi. Et après, j’ai arrêté en janvier 2014. Ce que je vais faire après la politique, je ne sais pas.

Pourquoi vous avez décidé d’être maire ?

Quand je travaillais, je ne faisais pas du tout de politique. Mais j’ai été dans des associations pour les enfants de familles sans papiers, des associations pour lutter contre le chômage… Et dans une des associations, on nous a proposé de nous engager en 2010, pour les élections régionales. Et j’ai dit oui à cette proposition. Puis les écologistes grenoblois sont venus me demander si je voulais les représenter. J’ai réfléchi, j’ai dit oui, et après il a fallu travailler, former une équipe, puis convaincre les gens, faire campagne pour que les gens votent pour nous et qu’on gagne les élections.

Vous aimez bien votre métier ? Ce que vous faites ?

Ce n’est pas un métier. Mon métier, c’est quand j’étais ingénieur. Là c’est un mandat, c’est une activité. Mais oui, j’aime beaucoup. J’aime beaucoup parce que c’est plein de choses très variées, j’ai l’impression d’être utile pour Grenoble. Il y a des gens qui sont contents, des gens qui ne sont pas contents, mais en tout cas moi, je veux faire avancer les idées que notre équipe porte. Et puis je rencontre tout le monde, voilà je suis ici avec vous, je vais pouvoir rencontrer des tout petits enfants, je peux rencontrer des chefs d’entreprise, des gens du spectacle, des sportifs et des sportives… C’est quand même assez génial d’essayer de faire des choses, de mettre en œuvre des idées. C’est aussi frustrant parce qu’on aimerait tout pouvoir faire et qu’on ne peut pas. Mais en tout cas on a l’impression d’être utile.

Où en est le projet pour le lac du parc Jean Verlhac ?

Le Conseil municipal a voté pour continuer d’avancer sur le projet. Certaines personnes ne sont pas d’accord, elles ont peur que ça fasse du bruit, que tout le monde ne puisse pas se baigner, ou encore que les gens passent par-dessus les barrières la nuit pour aller se baigner alors que c’est interdit. Nous, nous trouvons que c’est important de pouvoir se rafraîchir gratuitement, de pouvoir profiter du parc. C’est long ce type de projet, il faut être patient, cela aboutira en 2027.

Pourquoi l'herbe est coupée moins souvent ?

Nous avons mis en place un plan d’aménagement pour moins couper l’herbe. On laisse des zones qui sont plus favorables pour la biodiversité, pour avoir plus d’insectes, plus d’abeilles. Dans tous les parcs maintenant, on fait des zones qui sont bien coupées pour qu’on puisse s’asseoir dessus ou jouer au foot, et on fait des zones où on laisse pousser l’herbe. C’est vrai qu’au début ça fait bizarre, même pour moi. Mais on s’habitue au changement, et c’est mieux comme ça.

Pourquoi ne pas avoir les transports gratuits ?

Sur ce sujet, ce n’est malheureusement pas notre équipe municipale qui décide. Nous sommes favorables à ce que les transports deviennent gratuits. D’ailleurs, c’est le cas dès ce mois de septembre pour les personnes qui habitent Grenoble et qui ont moins de moyens. On voudrait que ce soit le cas aussi pour les moins de 25 ans. Et dans cinq ou dix ans, on souhaiterait que ce soit gratuit tout le temps et pour tout le monde. Mais pour ça, il faut trouver beaucoup d’argent, à peu près 90 millions d’euros. Il y a peu de solutions pour financer ce projet, sauf si l’État nous donne de l’argent. Comme il s’agit des trams et des bus, la décision se prend pour l’ensemble des 49 communes du territoire grenoblois. Aujourd’hui, les gens qui sont à la tête de l’organisme des transports grenoblois ne sont pour l’instant pas d’accord avec ce projet.

Est-ce que vous connaissez Grenoble en entier ?

Oui. Il y a un peu plus de 700 rues à Grenoble, et en moyenne je fais 100 kilomètres par semaine en ville, donc je passe dans beaucoup d’endroits plein de fois. Ça me fait rire parce que les gens me disent souvent qu’ils ne me voient jamais alors que je passe partout dans plein de quartiers. J’aime bien apprendre pourquoi les rues sont nommées de telle manière, l’histoire qui se cache derrière le nom d’une rue.

Est-ce que vous vous occupez de Grand'Place ? Est-ce que vous pouvez fermer des magasins ?

Grand’Place est à moitié sur Échirolles et à moitié sur Grenoble. Sur la partie grenobloise, on doit donner des autorisations à Grand’Place s’ils veulent s’agrandir. Je peux faire fermer les magasins n’importe où s’ils ne respectent pas les règles sanitaires et commettent des fautes graves. On a des équipes à la Ville qui font des contrôles pour savoir si les magasins respectent les règles d’hygiène et les règles de sécurité. Si ce sont de petites erreurs, les agents de la Ville font la liste de tout ce qu’ils doivent changer et on revient quelque temps plus tard pour vérifier que ça a été changé. Si jamais ils ne les corrigent pas, ça peut fermer.

C'est vous qui gérez la saleté de Grenoble ?

Oui. La saleté et la propreté, les deux. On aimerait que Grenoble soit propre tout le temps. Il y a 230 personnes qui travaillent dans les services de la mairie, à pied, dans un petit camion, ou bien avec des balayeuses pour ramasser, vider les poubelles, nettoyer les parcs, nettoyer les rues. Je l’ai fait moi-même pendant trois semaines au mois de mars à Échirolles. J’étais balayeur à pied et dans les petits camions, pour découvrir un peu le métier pendant plus longtemps. C’est un peu frustrant comme métier, parce que tu nettoies tous les jours, et tous les jours tu t’aperçois qu’il y a des gens qui jettent leurs détritus par terre.

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