Carton rouge à l'handiphobie

Dans le cadre du cycle de conférence “Agir contre les violences dans le sport”, une rencontre sur le thème du handisport s’est tenue le 12 novembre 2024 à l’Hôtel de Ville de Grenoble. Gre.mag a donné la parole à trois para-athlètes, invités de l'événement, pour évoquer leurs parcours sportifs, les obstacles rencontrés et ce qui leur a permis de les surmonter.

Solidarités

Par Maxime SIbué, publié le 16 déc. 2024

Vidéo

Carton rouge à l'handiphobie

Dans le cadre du cycle de conférence “Agir contre les violences dans le sport”, une rencontre sur le thème de du handisport s’est tenue le 12 novembre 2024 à l’hôtel de Ville de Grenoble. En ce jour, les équipes de la direction communication ont souhaité donner la parole à trois para-athlètes, invités de l'événement, pour évoquer leurs parcours sportifs, les obstacles rencontrés et ce qui leur a permis de les surmonter.


Vincent Boury, para-pongiste 5x médaillé olympique introduit :

“Ça, c'est ma grosse fierté, c'est la médaille d'or de Pékin en 2008. Gagner l'or en Chine, en ping pong, aux Jeux c'est à peu près le rêve de tout pongiste.”


Delya Boulaghlem, para-athlète spécialisée en saut en longueur et sprint ayant participé aux Jeux Paralympiques de 2024 :

“J'ai eu cette sélection pour les Jeux Paralympiques (Paris 2024), je l'ai appris en juillet 2024. Tout le monde dira que c'était tard mais pour moi c'était pas tard parce que je me suis préparée pendant des années pour cet événement-là. Donc, même si on me l'annonçait le 28 août, ça aurait été bon.”


Lola Desfeuillet, para-athlète spécialisée en saut en longueur ayant participé aux Jeux Paralympiques de 2024 : “Oui le sport a changé ma vie ! J’aimerais bien aller chercher une médaille à Los Angeles en 2028.”


Titre de la vidéo : Carton rouge à l’handiphobie.

Une vidéo Gremag


Vincent Boury :

“Je m'appelle Vincent Boury, je suis un para-athlète en tennis de table, un pongiste. J'ai une histoire autour du ping-pong qui est assez ancienne parce que je suis un ancien sportif

de haut niveau, valide. J'ai eu un accident de sport quand j'avais un peu plus de 18 ans pendant mes études.”


Lola Desfeuillet :

“Je m'appelle Lola Desfeuillet, je fais du para-athlétisme et mes disciplines sont le saut en longueur et le sprint. Mon handicap, je suis classifiée en T38, c'est paralysie cérébrale, et donc c’est une hémiplégie.”


Delya Boulaghlem :

“Je m'appelle Delya, je suis para-athlète déficiente visuelle. Je fais du 100 mètres et du saut en longueur. Alors pour le 100 mètres, je suis guidée grâce à un lien, c'est une petite cordelette d'environ 10 cm que je tiens et que le guide aussi tient de l’autre côté. En saut en longueur, je suis guidée grâce à la voix et à la clap du guide qui est à distance, pour le coup, je cours vraiment seule et je saute seule. Donc c'est avec ses indications sonores que je sais que je suis dans la bonne trajectoire et que je suis bien rectiligne.”


Vincent Boury :

“Le sport pour les personnes en situation de handicap, c'est clairement un facteur d'inclusion parce qu'il y a la notion de lien avec les autres, la notion aussi de travail sur l'activité physique, on parle souvent de sport santé, c'est encore plus vrai d'avoir une activité quand on est en situation de handicap. La sédentarité, le manque de mouvement, ça peut avoir des conséquences encore plus graves pour des personnes qui sont en situation de handicap.”


Delya Boulaghlem :

“Pour moi, le sport, c'est bien sûr un vecteur d'inclusion et d'intégration pour les personnes en situation de handicap, à condition que autour, il y ait un environnement qui soit composé de personnes avec beaucoup de bon sens, parce que c'est le bon sens des gens autour, le bon sens aussi de la personne en situation de handicap qui fera que tout fonctionnera.”

Lola Desfeuillet :

“Moi je viens d'une zone rurale à la base, je suis de Valence et c'est vrai qu'il y a moins de sections handisport dans les zones rurales. Quand tu viens d'une zone où il n'y a pas de section, il faut te rapprocher des plus gros clubs. Mais c'est vrai que ça favorise pas mal l'intégration parce que le handisport, c'est un peu comme une famille, il y a zéro jugement parce qu'on est tous différents, on a tous nos handicaps respectifs.”


Vincent Boury :

“Il y a tout le facteur de création, de lien avec les gens dans un club ou dans une association. Il y a aussi quelque chose qui est parfois pas pas considéré, mais c'est tout ce qui touche à l'image de soi, à la confiance en soi, tous les trucs en soi, l'estime de soi, confiance en soi. Il y a plein d'éléments qui peuvent être bénéfiques à la pratique sportive tout court, mais aussi pour les personnes en situation de handicap.”


Delya Boulaghlem :

“Pour moi, les principales difficultés qu'on peut rencontrer aujourd'hui en tant que déficiente visuelle, c'est de trouver un cadre qui soit le plus adapté possible. De pouvoir m'entraîner en toute sécurité, pouvoir avoir un guide avec lequel je pourrais m'exprimer de la manière la plus efficace possible, avec lequel je vais avoir un échange sur le plan humain qui soit aussi très compatible. C'est un sacré enjeu de pouvoir trouver le bon guide qui va aller avec l'athlète concerné.”


Lola Desfeuillet :

“Mon handicap, il ne se voit pas. J’ai l’impression que c’est plus handicapant pour le sport, mon handicap, qu’au quotidien. Parce que disons que j’ai des lunettes, ok, mais je vois.

J’ai pas de problèmes particuliers pour me déplacer, dans la vie de tous les jours. Des fois je peux manquer de tomber dans la rue ou des trucs comme ça, mais c'est pas vraiment handicapant. Donc j'ai l'habitude de ce genre de truc. C'est plus pour faire du sport, c'est plus handicapant quoi.”


Vincent Boury :

“Une personne en situation de handicap qui souhaite pratiquer aujourd'hui, les principales difficultés, c'est souvent la logistique. C'est le transport pour aller de son domicile au lieu de pratique sportive.Voilà, il y a énormément de progrès, mais on part de tellement loin qu’il ne faut pas oublier que c'est quand même un axe sur lequel on peut vraiment progresser. Moi j'ai été spectateur aux Jeux Olympiques, aux Jeux Paralympiques (Paris, 2024), j’ai été affligé de la qualité du transport en commun à Paris, alors que ça fait sept ans qu'on sait qu'on a les Jeux et c'était une catastrophe… à l’occasion des Jeux donc ça conforte l'idée que pour le reste du quotidien c'est pas facile de pouvoir aller d'un endroit à l’autre pour quelqu'un qui a un handicap qui est compliqué, que ce soit un handicap visuel ou un handicap sensoriel ou moteur par exemple. Le regard des autres a quand même pas mal changé ces dernières années qui pouvait être un obstacle. Les Jeux ont beaucoup contribué à ce qu’on regarde plus la performance que le handicap quand quelqu'un se présente dans un club. Et je dirais que le dernier frein qui est parfois un peu négligé, c'est que les personnes en situation de handicap, nous mêmes, on a aussi un boulot à faire en réalisant que tout n'est pas facile, que c'est aussi à nous de faire un effort. Tout ne nous ait pas dû c'est pas parce qu'on se dit du jour au lendemain qu'on a envie de faire du sport que voilà, tout va être facile. On a aussi un effort à faire, un effort de communication, d'explication de nos difficultés parce qu'en général, dans le monde sportif, quand on explique bien les choses sur lesquelles on veut travailler ou les difficultés qu'on a les sportifs sont plutôt accueillants, sont plutôt bienveillants et sont plutôt dans un mode de recherche de solutions plutôt que d'aggraver les choses. Donc il y a quand même un vrai boulot aussi de la part de la population en situation de handicap envers le monde sportif.”


Delya Boulaghlem :

“Qu'est ce qu'on pourrait me souhaiter pour l'avenir ? De pouvoir m'exprimer de la manière la plus complète possible dans mon sport, ça serait ça.”


Générique de fin

Agir contre les violences faites dans le sport.

Production : Direction de la communication, Ville de Grenoble

Réalisation : Maxime Sibué

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