Une étude menée en 2012 (Bipartisan Policy Center - Health Program), expliquait que 70% des facteurs ayant un impact sur notre santé physique, morale et sociale proviennent de notre environnement. Autrement dit, 70% des déterminants de santé sont influençables par l'architecture et l'aménagement urbain
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Pour mener à bien sa politique d'urbanisme favorable à la santé, la Ville de Grenoble se base sur la définition de la santé donnée par l'Organisation mondiale de la santé, qui n'a pas pris une ride depuis 1946 :
«La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité. La possession du meilleur état de santé qu'il est capable d'atteindre constitue l'un des droits fondamentaux de tout être humain, quelles que soient sa race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou sociale.»
Urbanisme et santé : dès l'Antiquité
Le lien entre urbanisme et santé n'est pas nouveau, comme l'écrit le professeur Hugh Barton dans un article du magazine La Santé en action en 2015 : «Historiquement, si nous remontons jusqu'à Hippocrate et Hippodamos dans l'Athènes antique, nous constatons que la santé, le bien-être et la qualité de vie de tous les habitants des villes étaient déjà au cœur des préoccupations.»
Plus récemment, au XIXe siècle, la période hygiéniste développe un courant de pensée se basant notamment sur des travaux de la recherche médicale. Avec elle apparaissent une nouvelle approche de l'environnement humain et la notion d'hygiène publique.
«Pour les urbanistes et les réformateurs sociaux du XIXe siècle, en réaction aux conditions de vie insalubres et inhumaines qui dominaient les villes industrielles d'Europe et d'Amérique, la priorité était la santé», poursuit Hugh Barton.
Il s'agit de reprendre tous les sujets, revoir toutes les mobilités, toutes les politiques d'habitat, repenser l'eau, arborer au maximum, etc. C'est ce que nous souhaitons faire, petit bout par petit bout.
Si par le passé la relation entre aménagement du territoire et santé était bien réelle, qu'en est-il à l'heure actuelle ? Pierre-André Juven, adjoint en charge de la santé à la Ville de Grenoble constate :
«La santé s'est peu à peu éloignée des politiques publiques. Nous avons aujourd'hui un urbanisme qui expose aux nuisances. Plusieurs politiques sont à conduire pour améliorer la santé ; l'urbanisme peut y répondre en partie. » Hugh Barton précise : « Aujourd'hui, nous devons affronter le fardeau croissant des maladies non transmissibles. Or, se reposer exclusivement sur le système de soins pour résoudre ces problèmes est une erreur en matière de réalités sanitaires et économiques.»
Quelles prescriptions pour la ville ? Comment renforcer ou replacer la santé et le bien-être au cœur des projets urbains ? Pierre-André Juven poursuit : «C'est un travail titanesque de revenir là-dessus. Il s'agit de reprendre tous les sujets, revoir toutes les mobilités, toutes les politiques d'habitat, repenser l'eau, arborer au maximum, etc. C'est ce que nous souhaitons faire, petit bout par petit bout.»
Margot Belair, adjointe à l'urbanisme, ajoute : «La santé est un prisme qui facilite et rend plus lisible notre approche et façon de concevoir la ville. C'est un guide, une approche globale, assez compréhensible pour tout un chacun par le fait qu'il touche à l'intime, au personnel. «Comment se sent-on dans un quartier ?» est une question qui parle à chacun-e.»
Tout un ensemble de déterminants de santé a été élaboré par la municipalité. Ils sont le filtre de lecture et le préalable de tout projet urbain, de construction ou de réhabilitation. La municipalité a notamment une marge de manœuvre pour agir sur des projets pour lesquels elle est propriétaire du foncier. Pour les opérations ne relevant pas de ses compétences, l'option possible est de mener un travail de plaidoyer et de sensibilisation au quotidien.