Chaque époque impacte le développement de la ville par ses caractéristiques et ses évènements propres : phase industrielle, Trente glorieuses, Jeux Olympiques de 1968, périodes de piétonnisation...
L'urgence c'est la neutralité carbone en 2050, c'est de l'emploi local, ce sont des matériaux naturels.
À l'échelle du logement, du quartier comme de la ville et de la métropole, les lignes bougent avec comme marqueur de notre temps les crises économique et climatique. Dans ce contexte, quels caps voulons-nous prendre aujourd'hui pour la ville qui naîtra demain ?
L'urgence n'est plus à la dernière construction à la mode, aux gratte-ciel ou aux extensions de zones pavillonnaires sur des champs. L'urgence c'est la neutralité carbone en 2050, c'est de l'emploi local, ce sont des matériaux naturels
, énonçait Éric Piolle lors de l'Université d'été des urbanistes en août dernier sur le campus universitaire de Saint-Martin-d'Hères.
Dans cette perspective, la Ville de Grenoble prend deux orientations majeures : un urbanisme favorable à la santé et une ville hospitalière.
Une ville accueillante et hospitalière
Si l'urgence climatique est mondiale, Grenoble détient une particularité. Nos montagnes sont les premiers témoins du réchauffement climatique. Dans les Alpes, au cours du XXe siècle, les températures annuelles ont augmenté de 2°C, contre 1,4°C en moyenne en France.
Garder nos villes vivables est un enjeu pour qu'entre autres, les gens ne désertent pas les villes.
Margot Belair, adjointe à l'urbanisme et au patrimoine, renchérit :
«Le rapport du GIEC estime à 43 le nombre de jours de canicule en 2050 à Grenoble. Comment fait-on pour bien vivre en ville, avec un service public, et surtout où il sera encore agréable de vivre demain ? Garder nos villes vivables est un enjeu pour qu'entre autres, les gens ne désertent pas les villes. Nous nous attachons à anticiper les crises de l'énergie, de la santé, de la chaleur et de la sécheresse.»
Les activités humaines et nos modes de vie étant en partie responsables du réchauffement de l'atmosphère et du changement climatique, voilà pourquoi «habiter autrement» est une des priorités, autant dans la conception des bâtiments et des espaces publics, que dans les usages et dans nos comportements.
Pour un urbanisme favorable à la santé
Depuis le début du mandat, la Ville de Grenoble a associé les thématiques urbanisme et santé. Ce rapprochement n'est pas spécifique à Grenoble puisqu'en 2014, le Ministère des Affaires sociales et de la Santé éditait le guide «Agir pour un urbanisme favorable à la santé».
Il est le fruit d'un travail d'expertise et de recherche de la Direction Générale de la Santé, réalisé par l'École des Hautes Études en Santé Publique, à l'appui également de travaux de l'OMS.
Extrait du guide «Agir pour un urbanisme favorable à la santé»
«Nous nous basons sur une approche globale de la santé. En effet, si la santé repose en partie sur des caractéristiques biologiques propres à chacun (âge, sexe, facteurs héréditaires), elle dépend aussi du comportement individuel (alimentation, activité physique...), de déterminants sociaux (famille, amis, emploi,soutien social...), de déterminants liés au cadre de vie (transports, équipements, habitat...) et de déterminants environnementaux (qualité des milieux, pollution, risques climatiques...).»
Margot Belair, adjointe à l'urbanisme et au patrimoine, explique l'appropriation en cours de cette ambition pour Grenoble :
«La question de la santé est très transversale. L'idée est de prendre en compte tous les déterminants de santé dans les projets urbains, sachant que 50% des déterminants de santé sont liés aux modes de vie. Cela nous incite à regarder un projet par le prisme de quatre catégories : les modes de vie (alimentation, sports et culture, déplacements), les offres socio-sanitaires (offre de soins de proximité et accueil des personnes fragilisées), la santé environnementale (ambiance, nature, qualité de l'air, climat) et la santé habitée (qualité des bâtiments, mixité, espaces publics).»
Cet objectif se décline actuellement sur deux opérations pilotes à Grenoble, dans les quartiers Flaubert et Cambridge. Celles-ci infuseront sur les autres programmes à venir.
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