Le parc de la Caserne de Bonne a été baptisé Gisèle-Halimi.
Le parc de la Caserne de Bonne a été baptisé Gisèle-Halimi.

© Sylvain Frappat

Rues et places : la renommée féminine

À l'heure où l'égalité hommes-femmes suit toujours un chemin escarpé, quelle est la part de noms féminins pour nos rues, places, squares, parcs et impasses ? En écho à la mouvance nationale, la Ville de Grenoble s'est engagée, elle aussi, dans une percée féminine.

Solidarités

Par Julie Fontana, publié le 3 mai 2023

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En France, en moyenne, 6% des espaces publics ouverts portent des noms de femmes. À Grenoble, le constat est aussi sans équivoque : plus de 90% des noms des rues ou des espaces publics sont encore masculins. La municipalité grenobloise, dans le cadre de sa politique pour l'égalité femmes/hommes, nomme désormais 100% des espaces et équipements publics nouveaux ou anonymes avec des appellations exclusivement féminines.

«C'est une démarche partagée maintenant par de nombreuses communes et cela me paraît essentiel. La part des femmes dans l'Histoire est souvent gommée, minimisée, alors qu'elles sont nombreuses à avoir marqué leur temps. C'est un travail qui va être long pour rétablir l'équilibre. Avec cette intention, on redécouvre notre ville et notre histoire !», raconte Emmanuel Carroz, adjoint Mémoire, Migrations, Europe et Coopérations internationales.

Recherches historiques

Les femmes ainsi mises à l'honneur sont des personnalités qui s'inscrivent dans une dimension historique, mais aussi sociale et engagée. J'aime le triptyque de Grenoble Révolution- Résistance-République, ajoute Emmanuel Carroz. Nous entrons dans la période de commémoration des 80 ans de la Libération et six femmes ont été compagnons de la Libération. J'aimerais idéalement que chacune soit mise à l'honneur sur l'espace public, dans des lieux suffisamment emblématiques.

Autrices littéraires Un travail d'étude est actuellement mené avec Jérôme Soldeville, conseiller municipal délégué à l'Histoire de Grenoble. Une cohérence territoriale est recherchée afin de thématiser certains secteurs de la ville.

À titre d'exemples, le secteur 4, comprenant le quartier Flaubert, centre ses nominations sur des autrices littéraires, et le secteur 1 avec des noms en lien avec la Résistance. Participation requise des Grenoblois-es ! La ville est mouvante. Cela n'arrive pas tous les jours de devoir trouver le nom d'une rue, mais il suffit qu'un immeuble se construise et cela peut créer une contre-allée..., explique Emmanuel Carroz.

Si les Grenoblois-es écrivent déjà régulièrement au Maire pour proposer des noms de parcs, rues et équipements, la municipalité les invite à amplifier le mouvement. Et pour la petite histoire... la discipline qui consiste à nommer un lieu public s'appelle odonymie. C'est une branche de la toponymie qui s'intéresse aux noms de voies, notamment des rues, avenues, boulevards, impasses, etc., et plus généralement aux noms d'espaces publics ouverts.