Pascal et Olivier Joffre, repreneurs de la Librairie des Alpes

De l'aveu même d'Olivier Joffre, c'est Pascal qui a manifesté le premier l'envie de continuer. Olivier a suivi de bon cœur.

«Moi, j'étais déjà à la retraite et comme tout retraité, j'étais très occupé. Si j'ai habité au centre-ville, depuis trente ans, je vivais à la campagne. Il a fallu reprendre le rythme de la ville, mais ça se passe bien.»

Ancien gérant d'une entreprise d'affichage publicitaire, Olivier s'était reconverti dans l'exploitation forestière. Pascal, lui, vient tout juste de terminer sa carrière d'accompagnateur en montagne et de pisteur-secouriste. Toujours à dévaler les pentes, autant qu'à avaler les livres. L

a longue trace ouverte par Raymond Joffre dans la culture alpine à Grenoble, ils ne pouvaient pas la gommer d'un trait. Et après quelques tâtonnements, tous deux le reconnaissent, libraire, c'est vraiment un beau métier. Enrichissant au moins sur le plan humain, grâce aux échanges noués avec les client-es.

Le plaisir de dénicher

Passionné-es d'histoires alpines, fondu-es de neige fraîche, pratiquant-es des hautes parois ou amoureux des grands espaces encore sauvages trouvent ici de quoi combler leur goût des livres rares ou épuisés. Car la Librairie des Alpes ne se contente pas de surfer sur l'actualité de l'édition montagnarde : elle fait également office de bouquiniste spécialisé et de dépôt-vente.

«Chaque jour, on nous apporte des livres. Il est difficile de refuser, même si la négociation n'est pas toujours simple. Nous partons aussi à la recherche de publications anciennes, avec la sensation de ce que doivent éprouver des chercheurs d'or. La difficulté de dénicher l'édition originale du Mont Analogue de René Daumal, par exemple, ajoute au plaisir de ce métier.»

Les deux frères s'efforcent en même temps de redéployer les activités menées par Raymond Joffre, créateur des Éditions de Belledonne et du Salon du Livre alpin. C'est l'association Ex-Libris Dauphiné, fondée aussi par notre père, qui portera l'événement l'automne prochain. Nous comptons bien y participer, en tant qu'exposants, se réjouit Olivier.

L'admiration des fils

Pascal songe aussi à diversifier la clientèle de la librairie : «Nous pourrions installer une mezzanine pour vendre des livres moins chers à un public plus jeune», confie-t-il, jetant un regard mi-inquiet mi-amusé sur les étagères déformées par le poids des ouvrages.

Tous deux finissent par l'admettre :

«Nous ne serons jamais à la hauteur de notre père. Nous restons admiratifs de l'incroyable énergie qu'il a dépensée toutes ces années, pour faire tout ce qu'il a fait : libraire, écrivain, président de deux associations, organisateur d'événement, relieur... Nous nous contenterons d'être d'humbles commerçants, disponibles et motivés pour nourrir la culture montagne auprès des Grenoblois.»