Des personnes font leur courses dans une épicerie solidaire.
© Auriane Poillet

Tiers-lieu : Flaubert entame sa Correspondance

La Correspondance, c’est le nom d’un projet d’urbanisme transitoire dans l’écoquartier Flaubert, en lieu et place des anciens locaux de l’École Supérieure du Professorat et de l’Éducation (ESPE). Alors qu’un chantier de réaménagement d’ampleur est en cours, des associations et structures culturelles, sportives et de consommation responsable occupent temporairement le sud du site depuis le mois de décembre. C’est un test : bienvenue au cœur de l’urbanisme transitoire.

Participation

Par Julie Fontana, publié le 20 déc. 2023

Article

Le portail est ouvert lorsque nous arrivons au 30 bis, avenue Marcellin-Berthelot. Nous sommes au sud de l'îlot Berthelot-Zola et aux prémices d'un lieu de vie temporaire qui évoluera jusqu'en 2027.

L'entrée donne sur un ancien terrain de sport goudronné, bordé d'espaces publics fraîchement revêtus. La signalétique, récemment réalisée par l'artiste Petite Poissone, fait l'affiche des murs plus ou moins anciens des quatre bâtiments qui arborent une certaine hétérogénéité : les immeubles A, B, C et G. Nous apercevons à notre droite la partie nord du site, inaccessible puisqu'en chantier de démolition sélective et de reconstruction. C'est palpable, l'espace est en transformation.

Notions d'usage

L'urbanisme transitoire ? C'est la volonté pour un propriétaire foncier – en l'occurrence ici la Ville de Grenoble – de faire d'un espace en chantier une opportunité, en occupant le lieu le temps des travaux. Au titre d'une gestion minutieuse du calendrier, l'objectif est à la fois de faire vivre le site avec des activités temporaires – à défaut qu'il soit vide et à l'arrêt – et d'en tester les usages.

Pour rappel, la parcelle des anciens locaux de l'ESPE appartient aujourd'hui à la Ville de Grenoble pour la partie sud, et à l'Établissement Public Foncier Local du Dauphiné pour la partie nord. L'ensemble sera transformé en un quartier d'habitations et d'activités à l'horizon 2030, composé de 400 logements, 900 m2 de locaux commerciaux, 1 300 m2 d'activités et de services et 800 m2 de bureaux.

Croisement d'époques

Les effets d'un tel projet éphémère peuvent être les croisements d'ambiance, de temporalités, d'activités... À l'image du supermarché coopératif l'Eléfan, installé depuis le 13 novembre dernier dans l'ancienne bibliothèque de l'ESPE. Les denrées alimentaires attendent preneurs sur les étagères qui accueillaient les livres.

L'ancienne banque d'accueil et d'emprunt des ouvrages littéraires prend désormais le rôle de comptoir de caisse du magasin. Car l'un des principes du projet est le réemploi maximum des matériaux, du mobilier ou de tout autre élément du site. Tout comme les quatorze structures résidentes dont elle fait partie, l'Eléfan s'est installé à la Correspondance en répondant à un appel à manifestation d'intérêt lancé par la Ville de Grenoble et la Sages, l'aménageur du site pour le compte de la municipalité.

Jusqu'au mois d'avril, les différentes associations et structures vont prendre progressivement possession de leur espace respectif et des espaces communs : la bibliothèque donc, mais aussi des salles de classe, le gymnase et la salle de danse, une cafétéria et des espaces extérieurs.

Rapprocher les publics

La gestion, coordination et dynamisation du lieu sont assurées par la société pali pali. Jérôme de Lignerolles, coordinateur pour pali pali, est déjà sur place pour tenir ce rôle. Il explique : Chaque résident-e rentre dans l'espace qui lui est réservé-e en échange d'une redevance, et se l'approprie comme il l'entend, s'en empare librement. Les résidents partagent un lieu, sans pour autant assurer une gestion collective. C'est pali pali qui est là pour ça. Faire venir du monde, c'est facile. La preuve en est, nous avons des occupant-es. Tout l'enjeu est de rendre vivant et accueillant ce lieu. Faire que les publics se croisent. Il y a aussi un enjeu de tisser des relations avec les équipements du quartier : la Bifurk, la MC2, le Bar Radis...

Jérôme de Lignerolles entend organiser des «agoras» : des moments pour se rencontrer entre occupant-es régulier-es comme ponctuel-les de La Correspondance, et ajuster le mode de fonctionnement des espaces communs.

Vectrice de liens, la cafétéria fera office de lieu de rencontres, d'animation et d'évènements : un socle pour les temps d'échanges entre les résident-es, mais aussi avec le public. Celle-ci s'étendra jusqu'à l'extérieur avec une placette aménagée à son abord. Elle sera investie par le bistrot culturel La Crique Sud et le resto bio Au Bon Sens des Mets.

Certains bâtis auront vocation à être détruits, d'autres à rester debout, à l'exemple du bâtiment accueillant la cafétéria.

Ils occupent actuellement la Correspondance

  • Au Bon Sens des Mets : laboratoire de repas bio et locaux
  • L'Eléfan : supermarché associatif
  • La Crique Sud : bistro culturel (service bar, petite restauration et programmation culturelle)
  • Le collectif C Nous : activités autour de la culture hip-hop
  • La Cie Craque Ta Coquille : compagnie de danse hip-hop contemporaine
  • Le Comptoir des Arts : bureau de production dans le domaine du spectacle vivant
  • L'APMAG ou Maison de l'Anthropocène des Dérèglements et des Rebonds et l'association Le Quiz de l'Anthropocène
  • Retour de Scène : aide et soutien au développement des musiques actuelles en Isère
  • La coopérative Sicklo : livraison à vélo
  • L'association Weavers : aide à l'accès à l'emploi, notamment auprès des personnes exilées
  • L'association Grenoble Alpes Initiative Active : développeuse d'économie sociale et solidaire
  • L'association cAPAbles : activités de sport et santé
  • L'association Big Bang Ballers : éducation contre les inégalités par le sport
  • L'association pour le développement des Sports de Sable (la Plage de Grenoble)

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