Quel est le point commun entre le bloc froid de la ferme Mille-Pousses à Grenoble, un tiers-lieu à Villeurbanne et l'un des bâtiments des Ateliers Luma à Arles ? La réponse se trouve chez Nebraska qui agit pour que la paille porteuse soit reconnue en France comme un mode de construction à part entière, dans le neuf comme en rénovation.
Par «paille porteuse», il faut entendre une botte de paille qui n'est pas structurée à l'aide d'ossature bois : la botte est l'élément structurant, conçu avec de la paille et des enduits tels que l'argile et la chaux. C'est ce qui la différencie de la paille technique courante
, explique l'architecte Cédric Hamelin, président et cofondateur de l'association grenobloise Nebraska avec Mathilde Lapierre, architecte-charpentière, qui, depuis 2016, œuvre pour révéler le potentiel d'un mode de construction méconnu et pourtant vieux comme le monde : la paille porteuse est née au XIXe siècle dans l'État du Nebraska aux États-Unis.
Son intérêt ? Utiliser la paille, un déchet agricole foisonnant et un excellent isolant, en l'associant à des matériaux caractérisés par leur «intensité sociale» : les enduits génèrent des emplois qualifiés non délocalisables. Pour utiliser davantage la paille, il faut lever des freins, ceux introduits par les garanties décennales encadrées par la loi Spinetta.
L'association y travaille ! Avec des bâtiments démonstrateurs comme à Grenoble, Villeurbanne, Arles, mais aussi par des travaux de recherche pédagogique et des formations auprès du grand public et des écoles d'architecture, le nom de Nebraska est en train de circuler au niveau national comme l'interlocuteur clé d'un principe qui semble aussi porteur que la paille dont il est question.