Repères chronologiques
Le 10 juillet 1940, l'Assemblée nationale donne tous pouvoirs au Gouvernement de la République, sous l'autorité du maréchal Pétain. Dès le lendemain, les premiers actes constitutionnels consacrent un régime autoritaire : celui de Vichy. Officiellement nommé l'"État français", ce régime va mener une politique de collaboration avec les forces d'occupation allemande. De nouvelles organisations sont mises en place, telle que la Légion française des combattants, pour assurer la promotion de la « Révolution nationale ».
Dès la fin de l'année 1940, des "indésirables politiques" sont internés à Fort-Barraux. Les Juifs, les francs-maçons, les communistes, les étrangers n'y sont pas épargnés, considérés comme l'"anti-France" par le régime.
Comme partout ailleurs, rares sont les habitants qui manifestent leur hostilité au régime de Vichy. Et c'est avec enthousiasme que Grenoble accueille le maréchal Pétain le 19 mars 1941.
La collaboration avec le IIIème Reich conduit à l'organisation d'une première rafle dans la ville, ainsi qu'en Isère, le 26 août 1942. Près d'une centaine de Juifs étrangers sont déportés.
Le 11 novembre 1942, l'Allemagne nazie décide d'occuper la partie sud de la France, exceptés les départements alpins, sous le joug de l'Italie fasciste. Grenoble reste occupée par l'armée italienne jusqu'en septembre 1943.
Durant cette période, l'occupation italienne prend un caractère délibérément peu agressif, sans nouvelles réquisitions ou spoliations. Mot d'ordre : éviter des réactions hostiles de la population, très italophobe depuis le "coup de poignard" de juin 1940.
Septembre 1943 : L'armistice signé en Italie entre le maréchal Badoglio et les Alliés mettra fin à l'occupation italienne et l'Allemagne reprendra le contrôle de Grenoble.
Interrompues pendant le temps de l'occupation italienne, les arrestations vont alors s'amplifier. S'ouvre une période de répression sans précédent. Créée le 30 janvier 1943, la Milice constitue le fer de lance de la Collaboration avec l'Allemagne nazie. Son objectif : réaliser la "Révolution nationale", y compris par le maintien de l'ordre. En son sein naît une formation militaire et armée, la Franc-Garde, pour lutter contre les ennemis de Vichy.
Jusqu'à Libération à la fin de l'été 1944, la Milice engagera parallèlement une lutte acharnée contre la Résistance. Cette véritable traque aboutit notamment à deux faits majeurs fin 1943 : la répression de la manifestation patriotique du 11 novembre, au cours de laquelle près de 400 hommes sont arrêtés et déportés, ainsi que la "Saint-Barthélemy grenobloise", perpétrée du 25 au 30 novembre 1943, durant laquelle 25 personnes seront arrêtées, exécutées sommairement ou déportées.
Des collaborateurs français appartenant pour nombre d'entre eux à la Milice prennent une part active à ces actions.
Les actions du Kommando Brunner vont également marquer un tournant de la persécution juive à Grenoble et en Isère. Depuis l'hôtel Suisse & Bordeaux, Aloïs Brunner et ses hommes opèrent en février et mars 1944 dans le département une action identique à celle qui fut entreprise à Nice à partir du QG de l'Hôtel l'Excelsior, en septembre 1943.