En 1944 la Gestapo a installé son siège dans un bâtiment du boulevard Gambetta de Grenoble.
© Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère.

Le Théâtre de l’Occupation allemande

Occupant la région de Vienne dès novembre 1942, les troupes allemandes contrôlent toute l’Isère dont Grenoble au début du mois de septembre 1943 peu après la nouvelle de l’armistice signé en Italie. S’ouvre une période de répression sans précédent jusqu’à la Libération à l’été 1944.

Année 1943

À l'arrivée des Allemands à Grenoble le 9 septembre 1943, l'immeuble du 28, cours Berriat est réquisitionné par l'entremise de la préfecture. Les habitants n'ont que peu de temps pour faire leurs valises et les derniers sont expulsés quinze jours après les débuts de l'Occupation. Ce n'est pas la Gestapo qui s'y installe comme on l'a parfois évoqué, mais en réalité le SD (Sicherheitsdienst, service de sécurité de la SS). L'immeuble, haut de huit étages, est aménagé en bureaux et lieux de torture avec des cellules à l'entresol.

Dès septembre 1943, toutes les casernes sont occupées par les troupes de la Wehrmacht et ses différents services : Vinoy, Bizanet, Dode, l'Alma, Hoche, Bonne, Bayard. À la caserne de Bonne, par exemple, se niche l'Abwehr, service de renseignements à l'étranger et de contre-espionnage de l'armée du Reich.

Place Pasteur, dans l'immeuble de l'actuelle maison des étudiants, le général Karl Pflaum, commandant la 157e division de réserve, y établit son quartier général.

Les locaux de la Brasserie de la Paix, au 43, avenue Alsace-Lorraine (aujourd'hui restaurant Pav-San) sont un foyer à l'usage exclusif des soldats allemands. C'est un lieu récréatif, qui comporte aussi une bibliothèque.

L'hôtel Suisse & Bordeaux, au 6, place de la Gare, est réquisitionné. Des chambres sont attribuées au Verbindungstab 735 (état-major de liaison). Dans chaque préfecture, l'état-major de liaison est chargé de faire le lien entre les autorités françaises et l'administration militaire allemande en France.

L'hôtel Moderne, 4, rue Félix-Poulat, héberge les autorités allemandes. Il abrite également un bureau de recrutement de la Waffen SS, dirigé par Guy Eclache.

L'hôtel Terminus, 10, place de la Gare, accueille l'Office de placement allemand, un organisme chargé de recruter de la main-d'œuvre dans les pays occupés. Pour attirer les éventuels volontaires, on fait miroiter de hauts salaires et des conditions de vie meilleures en Allemagne.

Au moment de la création de l'Association cultuelle israélite de Grenoble, le 1er janvier 1928, la communauté juive compte relativement peu de membres en Isère. Les fondateurs de l'association, Rodolphe Fischl, de Siavès et Troujman, permettent à une petite trentaine de familles de célébrer leur culte hebdomadaire et d'organiser les fêtes traditionnelles. Le comité directeur se réunit rue de Paris dans le bureau de l'industriel gantier Rodolphe Fischl.
Le 23 décembre 1943, les nazis et la Milice ravagent et incendient la synagogue au 1bis, rue Dominique-Villars. Ce lieu de culte remplaçait la précédente synagogue située depuis 1929 au rez-de-chaussée de l'hôtel Majestic de l'avenue Félix-Viallet, détruite par un incendie.

Année 1944

En février 1944, le Kommando Brunner s'installe dans l'hôtel Suisse & Bordeaux, au 6, place de la Gare, qui sert à la fois de base pour l'action et de lieu de prison et de torture pour les Juifs arrêtés au cours des rafles, préalablement dépouillés de leurs biens. Quotidiennement, les hommes de Brunner traquent, filent, perquisitionnent et arrêtent. On estime à près de quatre cents personnes le nombre de celles qui ont été arrêtées ainsi. Ce qui caractérise le mieux ces rafles et arrestations est le postulat adopté par le Kommando : toute personne est juive, à moins d'en apporter la preuve contraire.

En avril 1944, le service de sécurité de la SS souhaite regrouper les services de répression nazis. Il déménage boulevard Gambetta, en face de la caserne de Bonne et non loin de l'état-major de la Wehrmacht.