Pierre Ruibet

Portrait de Pierre Ruibet.
Portrait de Pierre Ruibet. :
© Musée de l'Ordre de la Libération.
1925 (Grenoble) - 1944 (Jonzac)

Mort en action

Il a 15 ans en 1940. À l'été 1943, Pierre Ruibet tente de rejoindre les Forces françaises libres avec quelques camarades. Il est arrêté en Andorre par la Guardia Civil et remis à la police française. Il est rapidement libéré.
En avril 1944, il entre en contact avec le Groupe Franc Alerte, groupe de sabotage et d'action de l'Organisation civile et militaire (OCM), dont le quartier général se trouve à Bordeaux.
Il meurt le 30 juin 1944 en détruisant une réserve d'explosifs allemands à Jonzac (Charente-Maritime). Quatorze soldats disparaissent avec lui dans le dépôt où des explosions phénoménales se succèdent pendant deux jours. Peu de temps auparavant, il écrit à sa mère : Tant pis, je vais y mettre le feu. Je suis bien décidé... Seulement, il y a beaucoup de chances pour que j'y reste. Je tenais à la vie, mais je fais passer mon pays avant mon bonheur... Il est fait Compagnon de la Libération à titre posthume par le général de Gaulle, le 29 décembre 1944, et sera également fait Chevalier de la Légion d'Honneur. On lui attribuera également la Croix de Guerre 39/45 avec palme.

Pierre Sémard

Portrait de Pierre Sémard.
Portrait de Pierre Sémard. :
© DR
1887 (Bragny-sur-Saône) - 1942 (Évreux)

Cheminot et syndicaliste

Il est dirigeant communiste et syndicaliste. À la suite du Pacte germano-soviétique (23 août 1939), l'unité du Bureau fédéral de la Fédération des Cheminots CGT, dont il est membre, vole en éclats. Avec ses camarades, il est exclu des fonctions dirigeantes qu'il occupe en raison de leur désaccord avec la direction du PCF. Il est licencié de son poste de permanent syndical et révoqué de son mandat de conseiller général de la Seine. Arrêté à Loches (où il a repris son travail de cheminot) le 20 novembre 1939, Pierre Sémard est incarcéré à la prison de la Santé par le juge d'instruction militaire. Il est inculpé de détournement de fonds (suite à une plainte de ses anciens "camarades" confédérés) et d'infraction au décret du 26 septembre 1939 concernant la dissolution du PCF.

En dépit du témoignage favorable de Marcel Bloch, ingénieur en chef du matériel et des ateliers à la SNCF lors de son procès, il est condamné à trois ans de prison. Le 9 mai 1940, la SNCF le révoque.
Incarcéré avec les prisonniers politiques, il écrit et analyse la défaite de 1940, percevant l'imposture de la "révolution nationale" et de la collaboration. Début 1942, il est transféré avec des détenus de droit commun à Évreux. Pierre Sémard sera livré aux autorités allemandes, à leur demande en raison de son passé politique, et fusillé le 7 mars 1942. Quant à son épouse, Yvette, elle sera déportée à Ravensbrück dont elle pourra revenir en 1945.

André Sibellas

Portrait d'André Sibellas.
Portrait d'André Sibellas. :
© Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère.
1897 (Bourg-en-Bresse) - 1944 (Genas)

"Ric"

Il est chef du mouvement Libération-Sud, qu'il a cofondé au côté de Marguerite Gonnet. Ses locaux professionnels serviront de cache de matériel au mouvement. Capitaine FFI sous le pseudonyme de Ric, il est arrêté par la Gestapo le 25 juin 1944 et exécuté avec vingt-et-un de ses camarades, le 12 juillet 1944.

Pierre Tanant

Portrait de Pierre Tanant.
Portrait de Pierre Tanant. :
© Archives ANPCVV DR
1909 (Saint-Dié) - 1988 (Grenoble)

Maquis du Vercors

Nommé capitaine en 1938, il rejoint les troupes alpines, successivement les 13e et 53e BCA.
En 1940, il fait partie du corps expéditionnaire allié en Norvège, où il est blessé. Puis il participe à la bataille de la Somme. Après l'armistice, il est affecté au 6e BCA de Grenoble, jusqu'à la dissolution du bataillon, le 28 novembre 1942, ordonnée par Vichy.
En 1943, Pierre Tanant rentre à l'Organisation de Résistance de l'Armée. Il participe, en tant qu'adjoint du chef de bataillon Albert de Seguin de Reyniès, à la dissimulation de matériels, d'équipements et drapeaux pour en empêcher la prise par les Allemands. Dès 1943, il œuvre à la reconstruction du 6e bataillon dans le Vercors où se sont installés les premiers maquis après la création du Service du Travail Obligatoire (STO). Promu commandant des Forces Françaises de l'Intérieur (FFI), il est chargé du maintien des relations avec les différents maquis et est le dernier à avoir vu vivants les maquisards installés à Malleval, massacrés par les Allemands fin janvier 1944. Sa participation au maquis du Vercors est une épreuve fondatrice. Le maquis du Vercors est pour lui un geste d'enthousiasme, un acte de foi et d'espérance. Ce sacrifice pour l'honneur de la France restera toujours dans son esprit une marque inestimable de hauteur morale.

Henri Tarze

1919 (Lyon) - 1944 (Grenoble)

Bob

Membre d'un Groupe Franc grenoblois, Henri Tarze prend le pseudonyme de Bob. Le 26 mars 1944, avec plusieurs camarades, peut-être mû par le désir de venger l'assassinat de Paul Vallier tué dans un guet-apens le 24 mars 1944, il prend en chasse une automobile dans laquelle se trouvent des officiers allemands. Arrivés à Saint-Nizier-du-Moucherotte (Isère), les Allemands postés dans l'hôtel Pollicand ouvrent le feu sur sa voiture. Henri Tarze et ses camarades ripostent mais il est atteint ainsi que deux autres Résistants, dont son ami Jean Bocq, tué immédiatement. Henri Tarze meurt peu après dans la voiture qui l'emmène chez un médecin.

René Thomas

1914 (Le Teil) - 1944 (Grenoble)

Salarié de l'usine de la Viscose depuis 1937, René Thomas est membre du Parti communiste français. Après la dissolution de la CGT, il s'investit avec son ami Louis Baille-Barrelle, dans le syndicat ouvrier de l'usine, celui qu'impose le gouvernement de Vichy dans chacune des entreprises françaises. Mais René Thomas quitte la région en août 1943 pour prendre le commandement des Francs-Tireurs et Partisans (FTP) de l'Ain, du Jura et de la Saône-et-Loire, au côté de Georges Kioulou, sous le pseudonyme de Jacques Marchand. Revenu à Grenoble, début 1944, il organise et dirige les Milices ouvrières patriotiques. Il est arrêté par des Waffen-SS le 24 juillet 1944 au parc des Expositions et incarcéré dans les locaux de la Gestapo.
René Thomas sera sommairement exécuté dans la nuit du 10 au 11 août 1944 au Polygone d'artillerie de Grenoble avec vingt-quatre autres personnes. Il obtiendra la mention "Mort pour la France" et sera homologué Résistant, capitaine des Forces françaises de l'Intérieur, et interné résistant (DIR).

Jean-Augustin Trocard

1902 (Romans-sur-Isère) - 1947 (Cochinchine)

Officier, il est fait prisonnier en 1940. Lors de sa libération, il part en Indochine avec le Maréchal Leclerc, où il organise un service de renseignements qui permet d'empêcher en 1946 le massacre de la garnison d'Hanoï. Il est tué lors de l'attaque d'un convoi le 25 avril 1947 (Mytho, Cochinchine).
Le lieutenant-colonel Trocard obtiendra la mention Prisonnier "Mort pour la France".

Rose Valland

Portrait de Rose Valland.
Portrait de Rose Valland. :
© Ministère des Affaires Etrangères.
1898 (Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs) - 1980 (Ris-Orangis)

Héroïne de l'ombre

Cette historienne de l'art, attachée de conservation au Musée du Jeu de Paume à Paris, est une Résistante française qui a joué un rôle crucial dans le sauvetage et la récupération de plus de 60 000 œuvres d'art et objets divers spoliés par les nazis aux institutions publiques et aux familles juives pendant l'Occupation.
Alors que Hitler ordonne de s'emparer des œuvres d'art du patrimoine français, est créé un service de spoliation nazi d'une redoutable efficacité, l'Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg, servi par des Allemands et des Français complaisants. Rose Valland, qui comprend l'allemand, va espionner les rouages de ce pillage méthodique au péril de sa vie et prendre des milliers de notes clandestinement, afin de répertorier les œuvres, leur origine et leur destination.

Même après la guerre

Elle fournit des informations essentielles à la Résistance sur les trains qui transportent les œuvres, afin que ces convois soient épargnés lors des attaques lancées par les Résistants.
À l'automne 1944, elle communique aux Alliés les noms des dépôts allemands et autrichiens afin d'éviter les bombardements, de les sécuriser et de faciliter la récupération des œuvres. Pour elle, la guerre ne s'arrête pas en 1945 : elle continuera ses enquêtes minutieuses, parfois illégales sur les territoires de l'ancien IIIe Reich, pendant plusieurs années afin de restituer aux personnes spoliées, leurs biens culturels. Les derniers seront rapatriés en 1953.
Elle apportera son témoignage au procès de Nuremberg, procès des principaux responsables du IIIe Reich où seront établis les nombreux crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par les nazis.

Paul Gariboldy dit Vallier

Portrait de Paul Gariboldy.
Portrait de Paul Gariboldy. :
© Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère.
1919 (Écully) - 1944 (Grenoble)

"Mort pour la France"

Paul Gariboldy est incorporé dans l'artillerie de Draguignan en mars 1940. Après l'armistice, il intègre les chantiers de jeunesse avant de s'installer à Grenoble où il devient dessinateur industriel dans un bureau d'études des Établissements Merlin-Gerin. C'est là qu'il se lie d'amitié avec Gustave Estadès, membre du mouvement de résistance Combat. Ce dernier l'incite à s'engager dans ce mouvement relevant de l'Organisation de Résistance de l'Armée (ORA). Il en devient membre en novembre 1942 en entrant dans son groupe franc sous le pseudonyme de Paul Vallier. Il se retrouve ensuite à sa tête en juillet 1943. Spécialiste des opérations les plus audacieuses, il fait exploser, avec son groupe, plus de 200 bombes dans l'agglomération grenobloise, entre juillet et septembre 1943.
Avec son ami Jean Bocq, dit Jimmy, et son groupe, il mène un très grand nombre d'actions avant d'être abattu par la Milice. On peut citer l'attaque du siège de la Milice, place Victor-Hugo, la capture de camions de munitions, la substitution des fichiers du STO (Service du travail obligatoire), le dérobement de 25 000 feuilles de tickets d'alimentation, le hold-up de la Poste centrale [lien vers l'événement] ou encore l'attaque du Grand Hôtel.
Paul Gariboldy obtient la mention "Mort pour la France" et est homologué capitaine des Forces françaises de l'Intérieur.

Hold-up à la Poste centrale

Pour assurer une partie de son financement, la Résistance doit puiser dans les caisses publiques administrées par Vichy. Le 9 mars 1944, Paul Gariboldy organise avec Jean Bocq le hold-up de la Poste centrale, place Vaucanson, pour un butin de six millions de francs. C'est lui qui place l'argent dans une valise. Le 22 mars, la Milice, alors dirigée par Jean Eclache, lui tend une embuscade à Fontaine, au garage de Joseph Achard-Lombard, utilisé par la Résistance. Il meurt assassiné par les hommes de la Milice et des soldats allemands.
Georges Bois, membre de Combat, retrouve la valise dès le lendemain. Trois millions seront remis au maquis du Vercors par le chef du groupe franc Bob (alias Henri Tarze), un million au service social des Mouvements unis de la Résistance (MUR), un million aux Mouvements unis de la Résistance. 400 000 francs sont distribués au capitaine Lanvin par l'inspecteur de police Renaud (alias Ribaud) pour le maquis de l'Oisans. Le reste est distribué au groupe franc Combat.

Gaston Valois

Portrait de Gaston Valois.
Portrait de Gaston Valois. :
© Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère.
1888 (Grenoble) - 1943 (Grenoble)

Docteur Gamma

Le docteur Gaston Valois, alias Docteur Gamma, rejoint en 1941 la section iséroise de Combat.
Sous divers pseudonymes, il organise les départs vers l'Espagne des agents repérés par l'ennemi. Il participe le 14 novembre 1943 à des opérations de sabotage du polygone d'artillerie, où sont stockées 1500 tonnes de munitions. La police allemande l'arrête le 26 novembre à 2 heures du matin, rue de Palanka à Grenoble, dans un appartement que lui prêtait son confrère Raymond Bouillot.
Torturé, il ne parle point et se suicide avec une lame de rasoir le 29 novembre 1943. Il est l'une des victimes de la "Saint-Barthélémy grenobloise".

Jean Verlhac

1923 (Nantes) - 1995 (La Tronche)

Journaliste engagé

Jean Verlhac est un intellectuel et homme politique catholique de gauche. Résistant, membre des Forces Françaises de l'Intérieur (FFI), il est rédacteur durant la guerre au journal chrétien Liberté puis devient rédacteur au journal militaire Aux Armes auprès du général Marcel Descour après la Libération.

Adjoint à l'urbanisme du maire Hubert Dubedout à Grenoble (1965-1983), premier adjoint au maire de 1977 à 1983 puis conseiller municipal d'opposition de 1983 à 1989, il participera à plusieurs grands projets de transformation de la ville comme la construction du Village Olympique pour les Jeux Olympiques de 1968 ou du quartier de La Villeneuve de Grenoble dont le parc porte son nom.

Élie Vernet

1921 (La Tronche) - 1944 (Grenoble)

"Loulou"

Il entre dès 1942 au mouvement Libération. Sous le pseudonyme de Loulou commence par distribuer des tracts et coller des affichettes avant de rejoindre les Groupes Francs. Il participe à la lutte clandestine en Savoie : destruction de voies ferrées, sabotage de pylônes à haute tension. Désigné pour partir en Allemagne, au titre du STO, en 1943, il disparaît. Surpris place Notre-Dame à Grenoble, au moment où il s'apprête, sur l'ordre de ses chefs, à abattre un milicien, il tombe sous les balles d'une patrouille allemande. Il a 23 ans.

Jean Veyrat

Portait de Jean Veyrat.
Portait de Jean Veyrat. :
© Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère.
1913 (Lyon) - Sassenage (Isère)

Cheminot, employé de bureau comptable, il entre rapidement dans la Résistance sous le pseudonyme de Raymond et devient un des organisateurs des Maquis de l'Isère pour procurer un abri aux jeunes menacés par le Service de Travail Obligatoire (STO).
Arrêté début mars 1943, il s'évade, rejoint le Vercors et participe à l'organisation du secteur de Romans des Groupes Francs. Blessé à Roanne (Loire) lors de sa deuxième arrestation par la milice, il parvient de nouveau à s'échapper.
En mai 1944, il accompagne Eugène Chavant, le patron civil du Vercors, à Alger pour faire le point avec les responsables de la France libre concernant l'Opération Montagnards.

Devenu lieutenant des Forces Françaises de l'Intérieur (FFI), il est ensuite l'un des lieutenants du capitaine Goderville (Jean Prévost) lors des opérations du Vercors et se réfugie avec lui et huit autres compagnons dans la grotte des Fées, à Saint-Agnan-en-Vercors (Drôme). Il fait partie des cinq hommes qui, avec Jean Prévost, tentent de rejoindre Grenoble.
Après une pause à Engins, les hommes s'engagent dans les gorges d'Engins. Ils sortent du défilé le 1er août et atteignent le pont Charvet où ils tombent sur des soldats allemands qui les abattent aussitôt à la mitrailleuse. Comme ses compagnons, il est tué sur le coup.

Jean-Marie Veyron-Lacroix

1907 (Valence) -1944 (Saint-Genis-Laval)

Capitaine

Ingénieur des Arts et Manufactures, membre de la Résistance au grade de capitaine, Jean-Marie Veyron- Lacroix est un agent du Réseau Gallia. Il sera fusillé sommairement le 20 août 1944 au fort de Côte Lorette, à Saint-Genis-Laval (Rhône).

Julius Zerman

1924 (Vienne, Autriche) - 1943 (Grenoble)

Julien Samois

L'Union des jeunes Juifs (UJJ) est animée par des jeunes communistes de la section juive de la MOI (Main-d'œuvre immigrée). L'organisation comprend aussi ses propres groupes de combat et sa presse indépendante avec Jeune Combat.

Charles Wolmark succède à Jules Borker début 1944 comme responsable de l'UJJ. Le 24 juillet 1944, arrêté par la milice avec d'autres responsables comme André Lombard, il est longuement torturé par le SD (Sicherheitsdienst, service de renseignements de la SS), avant d'être fusillé le 30 juillet 1944 à Charnècles.

Julius Zerman, dit Julien Samois, est le responsable des cadres de l'UJJ pour la zone Sud. Par cette fonction, il est chargé de vérifier l'identité des candidats à l'entrée dans l'organisation. Le 16 décembre 1943, il est à Grenoble où il vient régulièrement pour assurer la liaison avec le centre de Lyon. Il est arrêté et tué lorsqu'il tente de se saisir de l'arme d'un des policiers. Il avait dix-neuf ans. C'est son père Israël Zerman qui reconnut son fils, près d'un an plus tard, dans les photographies de Julien Samois qu'on lui présentait.