L’objectif principal des actions proposées dans le cadre de cette coopération, réside en un appui aux acteurs locaux arméniens pour le développement touristique local durable de leurs territoires, pour l’amélioration qualitative des services publics locaux, l’animation et la valorisation culturelle des territoires. Ainsi, dans le cadre du volet tourisme de ce partenariat, l’AFRAT (Association pour la Formation des Ruraux aux Activités de Tourisme), intervient en tant que partenaire technique. Cette collaboration s’est progressivement enrichie, donnant naissance à des projets emblématiques comme le projet "Sentiers d’Arménie". Ce dernier incarne une vision du tourisme orientée vers le tourisme rural, vers les populations locales, la protection de l’environnement et la promotion de la jeunesse.
Une coopération décentralisée qui évolue avec le temps
Depuis 2006, les villes de Grenoble et Sévan (Arménie) mettent en œuvre un programme de coopération dans les domaines de la santé, de la promotion d’un tourisme durable facteur de développement locale, de la valorisation des patrimoines culturels et de l’action culturelle francophone de la promotion des énergies renouvelables (2016). Une dynamique de concertation a été initiée en 2006 entre les villes de Grenoble, Vienne, Romans et le Conseil Général de l’Isère et leurs partenaires arméniennes. Ainsi, naissait en 2007, la plateforme IRAPA (Inter-coopération de collectivités rhônalpines pour l'Arménie), plateforme mutualisée de collectivités locales au service des territoires et de leurs habitants.
Dans le domaine du tourisme, l’AFRAT a joué un rôle essentiel en apportant son expertise pour la création d’outils, comme des cartes touristiques, et en accompagnant la formation des professionnels locaux. En 2009, cette dynamique a été formalisée par une convention pour le développement du tourisme en faveur des populations locales.
Une vision du tourisme et du développement local
L’ambition de l’AFRAT et de la Ville de Grenoble dans le cadre de cette coopération est de planter des graines pour promouvoir un tourisme rural, tourné vers les populations locales. On s’éloigne alors d’un projet « hors sol » au territoire, et le projet est de faire avec les habitants, de co-construire une vision commune et un développement du territoire qui mette en avant les acteurs locaux. La vision de l’AFRAT est de ne pas imposer un savoir-faire occidental, mais de co-construire un projet et d’accompagner la formation des acteurs locaux pour qu’ils développent leurs outils et leurs moyens.
Il y a quelques années, avec nos partenaires arméniens, nous regardions le tourisme comme un moyen d’attirer des touristes internationaux, venus de loin. Petit à petit, des graines ont été plantées pour repositionner les locaux au centre de la réflexion. On propose aujourd’hui des boucles de marche adaptées à la population locale, où la convivialité et l’échange sont au cœur de l’expérience. Les touristes internationaux profiteront d’autant plus de leur séjour si la population se reconnait dans les pratiques et activités proposées
, explique Sébastien Favier, coordinateur du projet.
Le "Sentier d’Arménie" : un projet ambitieux
L’idée des "Sentiers d’Arménie" émerge en 2020, soutenue par l’Agence Française de Développement (AFD) et le ministère des Affaires Étrangères. Ce projet, qui s’étendra sur trois ans à partir de mai 2024, vise à :
- Stimuler le développement économique local en créant des opportunités autour de l’écotourisme et de la randonnée.
- Renforcer les compétences locales en structurant une filière de guides de randonnée et en soutenant la création de clubs locaux.
- Favoriser la cohésion sociale, notamment en impliquant la jeunesse dans des projets liés à l’environnement et aux activités de loisir.
Une vision innovante du tourisme
Historiquement, le tourisme en Arménie était conçu autour de grands hôtels destinés à une clientèle aisée, avec peu d’intérêt pour les populations locales. La coopération entre Grenoble, Sevan et l’AFRAT a permis d’introduire une nouvelle approche, axée sur le tourisme rural et durable. À travers des activités comme la randonnée, ce projet vise à valoriser l’accueil chez l’habitant, les produits locaux et une approche inclusive du territoire.
Il y a 10 ans, parler de randonnée en Arménie était presque inconcevable. Aujourd’hui, grâce au travail accompli, cette pratique se développe et devient une vraie opportunité économique et sociale
, explique Sébastien Favier, coordinateur du projet.
La jeunesse au cœur du projet
Un des aspects les plus prometteurs des "Sentiers d’Arménie" est l’implication des jeunes. À Sevan, un club de randonnée, créé grâce à une bourse de créativité jeunesse, réunit aujourd’hui une quarantaine de jeunes. Ce club organise des activités liant sensibilisation environnementale, découverte du patrimoine et cohésion sociale.
Ces jeunes s’approprient leur territoire, en deviennent fiers et développent des perspectives d’avenir. C’est bien plus qu’un simple projet touristique : c’est une manière de résister aux défis géopolitiques et de garder l’espoir
, souligne Sébastien Favier.
Des aménagements pensés pour les populations locales
Le projet prévoit aussi des infrastructures adaptées, comme des zones de bivouac, des sentiers balisés et des lieux multi-activités réversibles. L’objectif est de créer des espaces qui bénéficient autant aux touristes qu’aux habitants, dans une logique durable et respectueuse de l’environnement.
Une dynamique d’échange
Cette coopération n’est pas seulement une opportunité pour l’Arménie, mais également pour les partenaires français. Elle permet de questionner leurs propres pratiques et de développer de nouvelles approches du tourisme.
Travailler avec nos partenaires arméniens nous pousse à repenser notre manière d’aborder la randonnée. Eux y intègrent des dimensions sociales, festives et culturelles que nous avons parfois tendance à oublier
, conclut Sébastien Favier.
Avec les "Sentiers d’Arménie", Grenoble et Sevan montrent comment une coopération décentralisée peut avoir un impact concret sur les territoires, en conciliant développement économique, environnemental et social.
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