Interview vidéo du paysagiste Eric Lenoir
Vidéo Gre mag : Éric Lenoir, le « jardin punk » et Grenoble
Le paysagiste Éric Lenoir, défenseur de l’idée du jardin punk, était à Grenoble fin novembre. A cette occasion, il a pu former les jardiniers de la Ville et répondre aux questions des habitants et des habitantes sur la nature en ville. Éric Lenoir, paysagiste, auteur de plusieurs ouvrages dont Le petit traité du jardin punk :
C’est de rendre les villes mieux habitables qu’elles ne le sont aujourd’hui. C’est ça la nature en ville aussi. Et d’en faire, dans la mesure du possible, des îlots de diversité, que ce soit animal ou végétal, de champignons, de bactéries. Quelque chose qui soit diversifié parce qu’on sait que c’est aussi un frein aux pandémies. Ça fait partie de toutes les raisons pour lesquelles ont intervient sur la nature en ville aujourd’hui, pour changer complètement les pratiques. La meilleure chose à faire, c’est d’en faire le moins possible parce qu’on a quand même beaucoup plus de chances de mal faire en faisant quelque chose qu’en faisant rien. Le tout, c’est de voir comment ne pas se faire dépasser, agir là où c’est quand même nécessaire, dans la mesure du possible, mais vraiment réduire, réduire, réduire l’action de tout ce qui touche à l’entretien en fait, qui est souvent un peu absurde. Les jardiniers des collectivités sont vachement bien dans le bon sens. Globalement, comme ils ont le nez dans la terre et les arbres et les plantes tout le temps, ils voient bien où sont les problèmes et la plupart ont déjà adopté par eux-mêmes un maximum de ces pratiques. Maintenant, le plus dur, c’est plutôt comment est-ce qu’ils parviennent à faire passer ça auprès des administrés ou des usagers et comment c’est reçu ? Est-ce que chacun comprend ce qui est en train de se passer ? A Grenoble, il y a la priorité de faire de l’ombre qui est très, très bien identifiée. Il y a déjà pas mal d’ombre dans cette ville mais en faire encore plus paraît nécessaire, comme dans beaucoup, beaucoup de grandes villes. Ça va être de voir comment on économise l’eau aussi. Économiser l’eau, même si on a l’Isère qui coule là, on ne sait pas combien de temps elle coulera. On sait qu’il y a des années où elle sera peut-être très basse. Avoir l’indulgence pour les usagers vis-à-vis des jardiniers de la ville. Et puis, que chaque usager comprenne un petit peu qu’il a son petit rôle à jouer. S’il il a un jardin, s’il occupe l’espace public. L’avantage avec des collectivités qui sont engagées dans une démarche écologique, fondamentalement, c’est qu’il y a quelque chose qui est à peu près possible à appréhender et qui a un projet à long terme. Grenoble est engagée depuis plusieurs années, a des projets, ambitionne de faire toujours mieux, est à l’écoute des jardiniers, des scientifiques. Ce n’est pas le cas de toutes les collectivités. Écouter les scientifiques, ce n’est quand même pas rien aujourd’hui. Ça a un côté un peu rassurant. Encore une fois dans toutes les imperfections qu’on peut connaître.
Vidéo : Auriane Poillet