Portrait de Sandra Lavorel.
© Alain Fischer

Sandra Lavorel : une nature en or

Directrice de recherche à l’Université Grenoble-Alpes, Sandra Lavorel contribue à l’essor de l’écologie fonctionnelle. C’est-à-dire qu’elle étudie les services que les écosystèmes rendent aux sociétés humaines. Elle vient de décrocher la médaille d’or du CNRS pour ses travaux pionniers.

Environnement

Par Richard Gonzalez, publié le 3 nov. 2023

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C'est un message très fort que le CNRS nous adresse avec cette médaille d'or, qui consacre habituellement des travaux dans les domaines de la médecine ou des sciences sociales. Cela prouve que l'écologie est au cœur des questionnements.

Arrivée en 2003 au Laboratoire d'écologie alpine (Leca), Sandra Lavorel a notamment amplifié en France des travaux lancés en Australie sur les classements des plantes d'après leurs fonctions, en rupture avec la traditionnelle classification par identité. L'idée qui anime cette docteure en écologie et sciences de l'évolution : modéliser des écosystèmes entiers et analyser leurs réponses au changement climatique ou à l'exploitation des sols.

Sandra Lavorel s'intéresse en particulier à la biodiversité des prairies d'altitude, productrices de fourrage mais aussi contributrices à la séquestration du carbone et à la fertilité des sols.

Inspiration incomparable

D'une famille originaire des Hautes-Alpes, Sandra Lavorel s'est frottée tôt à la nature alpine : «J'ai eu la chance d'être exposée très jeune à la biodiversité, puis d'avoir une excellente professeure de biologie au collège.»

Plus tard, des stages dans les parcs nationaux des Écrins et du Mercantour scelleront à jamais ses liens avec le milieu montagnard. «Je suis obsédée par tout ce qui vit dans la montagne.»

La station de recherche du Lautaret, où elle a longuement étudié et travaillé, s'est révélée «un lieu d'inspiration incomparable». L'écologie fonctionnelle qui inspire son parcours révèle une position nouvelle : dire qu'il faut protéger la nature pour elle-même est nécessaire mais pas suffisant.

«Nous avons une responsabilité en tant qu'humains, mais il faut dire aussi que la nature a une valeur quoi qu'on veuille en faire. Sans nature, pas de nourriture, pas de quoi respirer, et les montagnes s'écrouleraient.»

Les acteurs économiques sont sensibles à ces arguments utilitaristes : «Parmi les leaders pour le changement, il y a aussi des grandes entreprises, qui ont compris par exemple le coût que cela représenterait s'il n'y avait pas d'eau pour faire tourner leur industrie.»

Connecter les paysages

Jouant la carte de l'international, Sandra Lavorel s'est rendue en Nouvelle-Zélande en 2020-2021 pour observer des problématiques similaires. «Nous essayons de faire en sorte que nos propositions puissent s'appliquer le plus largement possible.»

Des mosaïques paysagères et des écosystèmes diversifiés, c'est aussi ce qu'elle prône à l'échelle de l'agglo. Avec la participation d'acteurs institutionnels et économiques, elle travaille sur les solutions fondées sur la nature dans le bassin grenoblois.

Ce projet d'étude, démarré dès 2013, se concentre actuellement sur l'importance de connecter les paysages entre eux, à la fois pour la biodiversité et les services rendus notamment aux habitant-es, en pointant l'équité de leur répartition. Les questions sociales et environnementales, indéfectiblement liées.

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