Emmanuel Carroz, adjoint au maire de Grenoble Mémoire, migrations, coopérations internationales, Europe
Emmanuel Carroz, adjoint au maire de Grenoble Mémoire, migrations, coopérations internationales, Europe

© Alain Fischer

Emmanuel Carroz : «Maintenir allumée la flamme du souvenir et de la Résistance»

Patrimoine et Histoire

Par Anne Maheu, publié le 29 févr. 2024

Article

La Ville de Grenoble et ses partenaires célèbrent le 80e anniversaire de la Libération sur trois années, pourquoi ?

Nous avons fait ce choix triennal pour commémorer les grands événements ayant conduit à la Libération de Grenoble : les «coups» de la Résistance et l'intensification de la répression d'abord, puis le départ des Allemands le 22 août 1944 et enfin la capitulation de l'Allemagne nazie en 1945. La Ville de Grenoble a fait ce choix avec l'appui d'un comité d'associations, d'historien-nes et de scientifiques. En tant que ville Compagnon de la Libération, nous devons tout mettre en œuvre pour maintenir allumée la flamme du souvenir et de la Résistance au cours de cette période 2023-2025. Et la transmettre aux jeunes générations, en lien avec les associations mémorielles.

Pourquoi est-il si important de se souvenir ?

Le souvenir et la transmission de la mémoire associée à la Seconde Guerre mondiale, la Déportation et la Résistance sont essentiels à l'échelle de notre pays, de l'Europe, mais également à l'échelle d'un territoire, afin d'éviter que de pareils événements puissent se produire à nouveau. La mémoire, c'est aussi l'espoir. Je connais personnellement la valeur de la transmission étant moi-même petit-fils de résistant originaire d'École, en Savoie. Ce village a été brûlé par les nazis après que tous les hommes de plus de seize ans ont été exécutés devant la population en juillet 1944. C'est pourquoi, lorsque le maire m'a proposé la délégation d'adjoint à la Mémoire, aux migrations, aux coopérations internationales et à l'Europe, j'en ai été très honoré. Nous devons le souvenir aux victimes comme aux résistant-es.

Quel est le fil conducteur de ce 80e anniversaire ?

Résister et transmettre. Transmettre les valeurs de résistance permet de dessiner une voie d'espoir et de transformation pour les jeunes générations. Nous souhaitons que les jeunes puissent s'approprier l'histoire de Grenoble avec le livre 1939-1945, des femmes, des hommes, des lieux sur l'espace urbain porteur de mémoire, ainsi que la bande dessinée sur la Résistance, qui sortira au mois de juin et sera offerte aux élèves de CM2. La République française associe les notions de république et de démocratie. Pétain a détruit la république pour détruire la démocratie. Il a fallu la reconstruire après la guerre. Outre le respect dévolu aux aîné-es qui se sont sacrifié-es, la valeur de liberté nécessite un travail de mémoire et de transmission. Il permet de se donner des clés d'analyse, de comparaison et d'action. Nous souhaitons également faire connaître l'action des femmes et celle des personnes étrangères, notamment des tirailleurs sénégalais, bien souvent oublié-es après la Libération. C'est pourquoi des expositions et des conférences auront lieu sur ces thèmes à Grenoble. Le programme des manifestations est large et varié.

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