De Laurent Bonnevay à Pierre Dalloz

Laurent Bonnevay

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1870 (Saint-Didier-au-Mont-d'Or) - 1957 (Lyon)

Parlementaire

Laurent Bonnevay est avocat et homme politique centriste de la Troisième République. Il propose en 1912 une loi, portant son nom, sur le logement social. De nombreux logements sociaux seront ainsi créés dans l'agglomération lyonnaise, ainsi que dans plusieurs villes du Rhône.
Garde des Sceaux en 1921, il est ensuite nommé président de la commission d'enquête sur la manifestation antiparlementaire qui tourna à l'émeute le 6 février 1934, faisant quinze morts.
En 1940, avec quatre-vingts autres députés, il refuse par son vote de donner les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Membre de l'assemblée constitutive provisoire de 1944 à 1945, il se retirera finalement de la vie parlementaire.

Suzanne Buisson

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1883 (Paris) - 1944 (Auschwitz)

Agent de liaison

Ouvrière, elle découvre très tôt les conditions de travail difficiles des salariés sans protection sociale ni sécurité de l'emploi mais aussi, et surtout, la condition des femmes.
Devenue veuve lors de la Première Guerre mondiale, elle épouse en 1926 Georges Buisson, secrétaire de la CGT. Elle quitte Paris pour la région lyonnaise, en juin 1940, suite à la défaite. Elle mène ensuite une grande activité liée à la Résistance. Elle rejoint le Mouvement Libération-sud et devient en 1943 agent de liaison entre la zone libre et la zone occupée. Elle sera arrêtée en avril 1944 puis déportée à Auschwitz d'où elle ne reviendra pas.

Jean Bulle

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1913 (Pontarlier) - 1944 (Albertville)

Dubois

Il nourrit très tôt une véritable vocation pour le métier de militaire. Il entre à Saint-Cyr à 21 ans puis sert dans le 60e régiment d'infanterie. En 1939, il prend la tête d'une section d'éclaireurs skieurs au 70e bataillon alpin de forteresse, unité spécialisée dans la défense des fortifications de la partie alpine de la ligne Maginot.
Grâce à de grandes qualités sportives et humaines, il est très apprécié de ses hommes et conduit son groupe de façon intelligente et rigoureuse. Il se distingue en 1940 pour avoir résisté de manière héroïque aux troupes de montagne italiennes.

Devèze

L'armistice le pousse ensuite à entrer en Résistance, où il prend alors les pseudonymes de Dubois puis de Devèze. Jean Bulle conduit plusieurs groupes de maquisards en Savoie et Haute-Savoie et fait en sorte de ne pas exposer ses hommes inutilement. Il réussira plusieurs "coups de main" et des actions de guérilla avec maîtrise.
Le 21 juin 1944, alors que ses troupes encerclent Albertville, il tente de négocier avec des gradés allemands leur reddition, mais il est lâchement abattu et retrouvé mort le lendemain sur une petite route près de Chambéry.
Le quartier du 7e bataillon de chasseurs alpins de Bourg-Saint-Maurice porte son nom.

René Cassin

Musée de l'Ordre de la Libération
1887 (Bayonne) - 1976 (Paris)

France libre

Il étudie le droit et les lettres et devient docteur en sciences juridique, économique et politique en 1914.
Grièvement blessé lors de la bataille de la Meuse en 1914, il sera réformé et retournera à la vie civile.
De 1940 à 1943, il occupe un poste de membre du gouvernement de la France libre aux côtés du général de Gaulle.
D'origine juive, il présidera l'Alliance Israélite Universelle. En 1948, il participe, sous la direction d'Eleanor Roosevelt, à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, votée le 10 décembre 1948 à Paris. Il sera ensuite vice-président du Conseil d'État de 1944 à 1959, puis président de la Cour européenne des droits de l'homme de 1965 à 1968. Il reçoit le Prix Nobel de la Paix en 1968, huit ans avant sa mort. Ses cendres sont transférées au Panthéon en 1987.

Abel Chabal

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1910 (Montjay) - 1944 (Villard-de-Lans)

Unité d'élite

Issu d'une famille d'agriculteurs, il doit quitter l'école après son certificat d'études pour travailler la terre avec sa famille dans les Hautes-Alpes.
Il fait son service militaire en 1931 et montre de grandes qualités d'honneur et de meneur d'hommes. Il devient sergent au Maroc en 1933 puis adjudant-chef en 1940. Cette même année, il obtient la Croix de guerre pour sa bravoure face aux soldats italiens. Il est ensuite affecté au 6e Bataillon de Chasseurs Alpins.

Il rejoint la Résistance dans le Vercors début 1944 et y dirige une section qui se distinguera à deux reprises : les 13 et 15 juin lors des combats de Saint-Nizier-du-Moucherotte et le 21 juillet au hameau de Valchevrière, sur la commune de Villard-de-Lans.
Sous ses ordres, la section Chabal fera preuve d'une grande détermination face à des Allemands mieux armés et bien supérieurs en nombre, avant de tomber sous les balles ennemies le 23 juillet 1944. D'abord enterré à Villard-de-Lans, il rejoindra le caveau familial de Montjay.

Eugène Chavant

Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère
1894 (Colombe) - 1969 (Grenoble)

"Clément"

Il s'illustre lors de la Première Guerre mondiale en refusant de quitter le front après avoir été gazé. Il recevra la médaille militaire et la croix de guerre, avec quatre citations.
Engagé à la SFIO à la fin du conflit, il se présente aux élections municipales de Saint-Martin-d'Hères en 1929 puis en 1935, avant de devenir maire en 1938. En 1941, il est démis de ses fonctions par Vichy et remplacé par César Caillat, industriel. Licencié de Neyret-Beylier, il tient alors une épicerie-tabac au 14, avenue Maréchal-Randon. Sous le pseudonyme « Clément », il rejoint le mouvement de résistance Franc-Tireur. Il est considéré comme l'un des organisateurs du maquis du Vercors. Il est nommé chef civil du maquis et accueille les premiers réfractaires au Service du Travail Obligatoire (STO). Il rejoint Alger en mai 1944 pour demander au gouvernement provisoire de la Résistance française le soutien des Alliés au Plan montagnard créé par Pierre Dalloz et Jean Prévost.

Maire

Malgré son célèbre télégramme envoyé à Alger le 21 juillet 1944, pour demander des renforts en armes et munitions, le massif du Vercors est investi par l'armée allemande.
Nommé maire de Saint-Martin-d'Hères en septembre 1944, il reçoit en novembre, des mains du général de Gaulle, la Croix de la Libération. Il sera à nouveau élu maire aux élections de 1945 mais démissionnera pour se consacrer exclusivement à l'amicale des pionniers et combattants volontaires du Vercors, dont il est président.
Il est inhumé en 1969 dans la nécropole de Saint-Nizier-du-Moucherotte, mémorial du Vercors.

Marianne Cohn

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1922 (Mannheim) - 1944 (Annemasse)

Passeuse d'enfants

Elle est issue d'une famille d'universitaires de gauche d'origine juive. Avec l'accession au pouvoir du parti nazi, la famille trouve refuge en Espagne, puis en France. Après le déclenchement de la guerre, les parents de Marianne sont internés au camp de Gurs, car citoyens allemands. Elle et sa sœur sont prises en charge par les Éclaireurs israélites de France à Moissac. En 1942, elle adhère au Mouvement de la Jeunesse Sioniste (MJS). Elle est agent de liaison et participe au service des faux papiers à Grenoble et aux actions de sauvetage du réseau Garrel. Elle réussit à faire transiter plusieurs enfants en Suisse.

Le 31 mai 1944, cachée dans un camion, accompagnée d'enfants de quatre à quinze ans, elle est capturée par une patrouille allemande. Jean Deffaugt, maire d'Annemasse, va réussir à faire libérer les enfants les plus jeunes. Malgré la torture, Marianne ne livre aucune information à la Gestapo et refuse la proposition d'évasion de son réseau par crainte des représailles sur les enfants. Emmenée dans la nuit du 7 au 8 juillet 1944 par la Gestapo, elle est assassinée à coups de bottes. Les vingt-huit enfants arrêtés avec elle ont survécu ainsi que ses parents et sa sœur, Lisa Souris. À Annemasse, en 1966, le maire Jean Deffaugt a été reconnu "Juste parmi les Nations" par Yad Vashem.

Louise Collomb

Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère
1899 (Londres) - Date de décès inconnue

"Juste parmi les Nations"

Louise Collomb est propriétaire du restaurant Le Comptoir Lyonnais, près de la gare de Grenoble. Elle fait partie du mouvement de Résistance Combat. Louise Collomb cachera chez elle un grand nombre de réfractaires, opposants au régime de Vichy, Juifs et persécutés.
En septembre 1940, elle accueille chez elle un pensionnaire juif, Jules Süssmann, originaire de Mannheim, recherché par l'armée allemande et la Gestapo. Elle l'hébergera pendant deux ans sans demander de contrepartie et parviendra à lui faire franchir la frontière suisse avec d'autres Juifs en septembre 1942. Après la Libération, liés d'amitié, ils se reverront à plusieurs reprises.
Louise Collomb reçoit d'Israël le titre de "Juste parmi les Nations" en 1994 à titre posthume.

Jean-Joseph Coppier

1903 (Annecy) - 1966 (Paris)

Colonel

Il est colonel dans l'Armée de l'air. Jean-Joseph Coppier participe activement à la Résistance dans les massifs de la Chartreuse et de Belledonne. Il est membre de la Légion d'honneur.

Pierre Dalloz

Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère
1900 (Bourges) - 1992 (Sassenage)

Plan Montagnards

Pierre Dalloz est de 1933 à 1939 le rédacteur en chef de La Montagne, la revue du Club Alpin Français (CAF).
Architecte, proche d'Antoine de Saint-Exupéry, il a, dès 1941, l'intuition d'un projet d'utilisation stratégique du Vercors, dont il fait part à son ami Jean Prévost.
En 1943, sa "Note sur les possibilités d'utilisation militaire du Vercors" est validée par Jean Moulin. Ce projet consistait à accueillir sur le massif des troupes alliées aéroportées, afin de couper la route à l'ennemi en cas de débarquement en Provence.
Après de nombreuses arrestations, il quitte la région et rejoint Alger puis Londres, informant le BCRA (Bureau Central de Renseignements et d'Action) de son projet, devenu entre-temps le "Plan Montagnards". À la Libération, il deviendra un architecte réputé ; on lui doit le tremplin de saut à ski de Saint-Nizier-du-Moucherotte, conçu pour les Jeux Olympiques d'hiver de 1968 à Grenoble.