De Aimé Requet à Henri Tarze

Aimé Requet

Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère
1906 (Genève-Plainpalais, Suisse) - 1997 (Grenoble)

Feu d'artifice en solitaire

En 1943, les Allemands ont constitué un dépôt de munitions et de matériel dans le Parc d'artillerie du Polygone. Dans la nuit du 13 au 14 novembre, Aimé Requet, employé du Parc d'artillerie, fait sauter l'arsenal en solitaire. Cent cinquante tonnes de munitions et mille tonnes de matériel dont des canons de gros calibre, des véhicules et des pièces détachées sont ainsi détruites.
Il est à lui seul plus efficace qu'une escadrille de bombardiers alliés. Rendus fous furieux, les Allemands tirent sur tout ce qui bouge aux abords du site et plusieurs personnes sont tuées.
Le lendemain matin, Aimé Requet se rend tranquillement au travail sans éveiller les soupçons des Allemands.

Albert Reynier

Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère
1889 (La Motte-d'Aveillans) - 1949 (Grenoble)

"Vauban"

Albert Reynier est un partisan socialiste, membre de la franc-maçonnerie. Ses engagements politiques et sociaux l'amènent à rejeter les attaques antirépublicaines et antidémocratiques du régime de Vichy.

Directeur d'école, il rejoint le mouvement Combat dès la fin de l'année 1941. Il entraîne avec lui plusieurs autres instituteurs tels que Camille Fournier, privé de ses fonctions car franc-maçon, et Henri Marion, directeur de l'école Cornélie-Gémond.

Albert Reynier et ses camarades se chargent d'abord de distribuer des tracts et des journaux clandestins. En 1943, le fondateur de la branche iséroise de l'Armée Secrète (AS) Samuel Job, dit Sam, lui passe les rênes. Albert Reynier devient ainsi chef départemental de l'AS et prend le nom de Vauban. Il deviendra préfet de l'Isère en septembre 1944.

Albert de Seguin de Reyniès

Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère
1900 (Arry) - 1944

"Renaud"

Albert de Seguin de Reyniès devient en mai 1943 chef de l'ORA, sous le pseudonyme de Renaud. Dès le mois de décembre, sous le pseudonyme de Rolland, il prend la tête de l'Armée Secrète, remplaçant Albert Reynier [lien vers Albert Reynier] qui a dû se cacher après le massacre de la "Saint-Barthélémy grenobloise".
Le 10 février 1944, une ordonnance du Comité Français de Libération Nationale (CFLN) crée les Forces Françaises de l'Intérieur (FFI), qui regroupent l'ensemble des formations militaires des mouvements de Résistance. C'est lui qui est choisi comme chef des FFI de l'Isère.

"Sylvain"

Sous le nom de Sylvain, il devient alors le véritable patron de la Résistance départementale. Le matin du 6 mai 1944, de Reyniès est arrêté par la Gestapo, alors qu'il sort de l'hôtel de la division où il était venu récupérer son courrier. Il a été dénoncé par René Tirolle, un ancien chasseur du 6e Bataillon des Chasseurs Alpins passé à la Milice. Le Commandant Reyniès disparaît sans que les circonstances de sa mort soient précisément établies. Plusieurs rapports retrouvés à la Libération mentionnent qu'il était surveillé depuis un certain temps.

Monique Rolland

1913 (Somme) - 1949 (Grenoble)

"Monique Berliet"

Son nom de naissance est Charlotte Sourbieu. Issue d'une famille nombreuse de paysans, elle est évacuée en raison de l'offensive allemande du printemps 1918, et atterrit à Voiron, en Isère, avec sa mère. Orpheline de guerre, donc pupille de la nation, elle est brillamment reçue au certificat d'études, mais doit immédiatement gagner sa vie.
Elle devient ouvrière du textile d'abord à Voiron, puis chez Valisère à Grenoble. Sensibilisée en raison de son enfance à l'injustice sociale, elle suit avec intérêt les succès et applaudit aux acquis des syndicats lors du Front populaire de 1936, mais n'adhère à aucune organisation politique ou syndicale.
En revanche, elle participe assidûment aux activités des Amis de la nature. Elle y rencontre des étudiants d'Europe centrale fuyant les régimes autoritaires de leurs pays d'origine, de même que des réfugiés espagnols que la victoire de Franco a contraints à l'exil en France.
Pendant l'Occupation, elle participe activement à la Résistance, sous le pseudonyme de Monique Berliet. Elle adhère aux FTP et devient responsable des agents de liaison. Après la guerre, elle épousera Jean Rolland et, conservant son prénom de Résistante, deviendra Monique Rolland.

Jean-Claude Rozan

Dates inconnues

"Lanval"

Sous le pseudonyme de Lanval, il fut le fondateur et l'animateur du maquis de la Maurienne puis dans le Dévoluy. On lui doit notamment la création d'un maquis, en 1943, à Albiez-le-Vieux (Savoie), puis celle d'un camp à Tréminis (Isère), début août 1943, comprenant une trentaine d'individus. Dénoncé par un traître, il fut arrêté et mourut en déportation.

Pierre Ruibet

Musée de l'Ordre de la Libération
1925 (Grenoble) - 1944 (Jonzac)

Mort en action

Il a 15 ans en 1940. À l'été 1943, Pierre Ruibet tente de rejoindre les Forces françaises libres avec quelques camarades. Il est arrêté en Andorre par la Guardia Civil et remis à la police française. Il est rapidement libéré.
En avril 1944, il entre en contact avec le Groupe Franc Alerte, groupe de sabotage et d'action de l'Organisation civile et militaire (OCM), dont le quartier général se trouve à Bordeaux.
Il meurt le 30 juin 1944 en détruisant une réserve d'explosifs allemands à Jonzac (Charente-Maritime). Quatorze soldats disparaissent avec lui dans le dépôt où des explosions phénoménales se succèdent pendant deux jours. Peu de temps auparavant, il écrit à sa mère : "Tant pis, je vais y mettre le feu. Je suis bien décidé... Seulement, il y a beaucoup de chances pour que j'y reste. Je tenais à la vie, mais je fais passer mon pays avant mon bonheur... ". Il est fait Compagnon de la Libération à titre posthume par le général de Gaulle, le 29 décembre 1944, et sera également fait Chevalier de la Légion d'Honneur. On lui attribuera également la Croix de Guerre 39/45 avec palme.

Pierre Sémard

DR
1887 (Bragny-sur-Saône) - 1942 (Évreux)

Cheminot et syndicaliste

Il est dirigeant communiste et syndicaliste. À la suite du Pacte germano-soviétique (23 août 1939), l'unité du Bureau fédéral de la Fédération des Cheminots CGT, dont il est membre, vole en éclats. Avec ses camarades, il est exclu des fonctions dirigeantes qu'il occupe en raison de leur désaccord avec la direction du PCF. Il est licencié de son poste de permanent syndical et révoqué de son mandat de conseiller général de la Seine. Arrêté à Loches (où il a repris son travail de cheminot) le 20 novembre 1939, Pierre Sémard est incarcéré à la prison de la Santé par le juge d'instruction militaire. Il est inculpé de détournement de fonds (suite à une plainte de ses anciens "camarades" confédérés) et d'infraction au décret du 26 septembre 1939 concernant la dissolution du PCF.

En dépit du témoignage favorable de Marcel Bloch, ingénieur en chef du matériel et des ateliers à la SNCF lors de son procès, il est condamné à trois ans de prison. Le 9 mai 1940, la SNCF le révoque.
Incarcéré avec les prisonniers politiques, il écrit et analyse la défaite de 1940, percevant l'imposture de la "révolution nationale" et de la collaboration. Début 1942, il est transféré avec des détenus de droit commun à Évreux. Pierre Sémard sera livré aux autorités allemandes, à leur demande en raison de son passé politique, et fusillé le 7 mars 1942. Quant à son épouse, Yvette, elle sera déportée à Ravensbrück dont elle pourra revenir en 1945.

André Sibellas

Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère
1897 (Bourg-en-Bresse) - 1944 (Genas)

"Ric"

Il est chef du mouvement Libération-Sud, qu'il a cofondé au côté de Marguerite Gonnet. Ses locaux professionnels serviront de cache de matériel au mouvement. Capitaine FFI sous le pseudonyme de Ric, il est arrêté par la Gestapo le 25 juin 1944 et exécuté avec vingt-et-un de ses camarades, le 12 juillet 1944.

Pierre Tanant

Archives ANPCVV DR
1909 (Saint-Dié) - 1988 (Grenoble)

Maquis du Vercors

Nommé capitaine en 1938, il rejoint les troupes alpines, successivement les 13e et 53e BCA.
En 1940, il fait partie du corps expéditionnaire allié en Norvège, où il est blessé. Puis il participe à la bataille de la Somme. Après l'armistice, il est affecté au 6e BCA de Grenoble, jusqu'à la dissolution du bataillon, le 28 novembre 1942, ordonnée par Vichy.
En 1943, Pierre Tanant rentre à l'Organisation de Résistance de l'Armée. Il participe, en tant qu'adjoint du chef de bataillon Albert de Seguin de Reyniès, à la dissimulation de matériels, d'équipements et drapeaux pour en empêcher la prise par les Allemands. Dès 1943, il œuvre à la reconstruction du 6e bataillon dans le Vercors où se sont installés les premiers maquis après la création du Service du Travail Obligatoire (STO). Promu commandant des Forces Françaises de l'Intérieur (FFI), il est chargé du maintien des relations avec les différents maquis et est le dernier à avoir vu vivants les maquisards installés à Malleval, massacrés par les Allemands fin janvier 1944. Sa participation au maquis du Vercors est une épreuve fondatrice. Le maquis du Vercors est pour lui un geste d'enthousiasme, un acte de foi et d'espérance. Ce sacrifice pour l'honneur de la France restera toujours dans son esprit une marque inestimable de hauteur morale.

Henri Tarze

1919 (Lyon) - 1944 (Grenoble)

Bob

Membre d'un Groupe Franc grenoblois, Henri Tarze prend le pseudonyme de Bob. Le 26 mars 1944, avec plusieurs camarades, peut-être mû par le désir de venger l'assassinat de Paul Vallier tué dans un guet-apens le 24 mars 1944, il prend en chasse une automobile dans laquelle se trouvent des officiers allemands. Arrivés à Saint-Nizier-du-Moucherotte (Isère), les Allemands postés dans l'hôtel Pollicand ouvrent le feu sur sa voiture. Henri Tarze et ses camarades ripostent mais il est atteint ainsi que deux autres Résistants, dont son ami Jean Bocq, tué immédiatement. Henri Tarze meurt peu après dans la voiture qui l'emmène chez un médecin.