De Marguerite Gonnet à Émile Kahn

Marguerite Gonnet

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1898 (Nantes) - 1996 (Paris)

Elle est mariée à un avocat de la cour d'appel de Grenoble et mère de neuf enfants. L'armistice demandé par le maréchal Pétain bouleverse cette "chrétienne et apolitique". Marguerite Gonnet se lance dès 1941 dans l'action, sous le pseudonyme de "La Cousine". Elle commence à diffuser des messages clandestins. Son engagement lui fait rencontrer les époux Aubrac et Montigny.
Elle crée la section iséroise du mouvement Libération-sud et en devient la première responsable départementale. Arrêtée en mars 1942 à la suite d'une dénonciation, elle comparait à Lyon devant un tribunal militaire, après avoir été détenue au fort Montluc. Elle déclare au président du tribunal qui la juge : "Je préfère être à ma place qu'à la vôtre".  Condamnée à deux années de prison, elle bénéficie d'un sursis.

Seule femme à la cour de justice

Sa libération lui permet de reprendre ses activités de faux papiers et de rejoindre le maquis du Grésivaudan, suite à l'application du STO. Plusieurs de ses enfants entrent à leur tour en résistance, dans la compagnie Bernard notamment. Encore dénoncée, elle échappe de peu à une arrestation en juin 1944.
Marguerite Gonnet vit les deux derniers mois de l'occupation dans le maquis de l'Oisans, avant d'être arrêtée. À la Libération, elle sera la seule femme jurée à siéger à la cour de justice, ainsi qu'au comité départemental de Libération nationale. Elle prendra aussi la direction du préventorium de Villard-de-Lans. Médaillée de la Résistance en 1985, elle obtiendra la Légion d'Honneur, des mains de Raymond Aubrac.

René Gosse

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1883 (Clermont-l'Hérault) - 1943 (Saint-Ismier)

Doyen Gosse

Directeur de l'Institut Polytechnique, il est révoqué de son poste de doyen de la faculté des sciences de Grenoble en décembre 1940 par le gouvernement de Vichy. René Gosse ne tardera pas à rejoindre la Résistance, notamment au sein des réseaux Marco-Polo puis Jade-Amicol. Faisant figure de "chef moral", il assure liaison et contacts aussi bien avec les réseaux de renseignements alliés qu'avec les groupes les plus divers. Malgré les instances de ses amis, il refuse de quitter Grenoble et sa villa de La Tronche quand l'occupation allemande succède à l'occupation italienne. Il est arrêté par la Milice dans la nuit du 21 au 22 décembre 1943 et abattu en même temps que son fils, Jean, avocat et également membre d'un groupe de résistance. En octobre 1948, tous deux seront inhumés dans un ancien four à chaux à la sortie de Saint-Ismier et transformé en mémorial en leur honneur par l'architecte Auguste Perret.

Henri Grouès (Abbé Pierre)

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1912 (Lyon) - 2007 (Paris)

Aumônier à La Mure

Henri Grouès appartient à une famille catholique bourgeoise de huit enfants. Marqué par les valeurs humanistes et de solidarité de ses parents, il rentre chez les moines capucins en 1931. Il suit ses études auprès des jésuites à Crest (Drôme). Souffrant de pleurésie, il mène une vie monastique difficile. Ordonné prêtre en 1938, il demeure en Isère et devient l'année suivante vicaire de la basilique Saint-Joseph à Grenoble.

Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé comme sous-officier mais démobilisé en octobre 1940 à cause de sa santé fragile. Aumônier à La Mure puis à La Côte-Saint-André, il est nommé vicaire de la cathédrale Notre-Dame de Grenoble en juillet 1942. Il prend ensuite une part active au sein de la Résistance du Vercors et de Chartreuse notamment, pour aider de nombreux jeunes hommes à échapper au STO.

Passeur et maquisard

Lors de la rafle des Juifs étrangers du 26 août 1942, Henri Grouès recueille nombre d'entre eux pourchassés par la police de Vichy. Une rencontre providentielle lui permet de connaître André Demirleau, charpentier à Voreppe. Ensemble, ils participent à la mise en place du Maquis Palace dans le massif de la Chartreuse, sur les hauteurs de Pommiers-la-Placette. Durant l'été 1943, il fait émigrer le maquis sur le plateau de Sornin, au-dessus des gorges d'Engins dans le Vercors. Parallèlement à son activité maquisarde, il poursuit son action de passeur. Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1943, il fait passer en Suisse le plus jeune frère du général de Gaulle, Jacques de Gaulle et son épouse Jeanne. En cette fin d'année 1943, le maquis de Sornin déménage à Malleval, au sommet des gorges du Nan, avec pour unique accès un sentier taillé dans la roche à pic. En janvier 1944, recherché à Grenoble et en Isère, il part à Lyon, puis en février à Paris. Il finit par rejoindre les alliés à Alger, sur les conseils de ses proches, pour ne pas être arrêté par la Gestapo.

Après la guerre, il est sollicité pour se présenter aux élections législatives de 1945 afin de représenter la Résistance catholique. Il sera élu député de Meurthe-et-Moselle. Son engagement se fonde principalement autour de la défense des Résistants, l'objection de conscience et la promotion d'idées fédéralistes. Quatre ans plus tard, face à la misère et au mal-logement en France, il fondera Les Compagnons d'Emmaüs. Il est promu Grand-croix de la Légion d'honneur en 2004, avant de s'éteindre en 2007.

Élise Grappe

Assemblée Nationale
1911 (Saint-Égrève) - 1996 (Saint-Martin-d'Hères)

Résistante et députée

Fille d'agriculteurs catholiques, Élise Mounier-Lambert entre à l'école normale d'institutrices de Grenoble en 1928. Elle fait un mariage civil en 1935 et devient Élise Grappe. Syndiquée, militante, gréviste en 1938, elle est déplacée avec son mari dans la Drôme le 26 août 1941. Là, elle prend contact avec les communistes entrés dans la clandestinité, héberge des résistants et mène diverses actions. Elle adhère au Parti communiste en 1944 et à l'Union des femmes françaises (UFF) à la Libération. Élue députée de l'Isère en 1951, elle sera réélue en 1956.

Roger Guigue

Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère
1907 (Grenoble) - 1943 (Meylan)

Médaillé à titre posthume

Membre du Parti communiste, employé civil du Génie, mécanicien ajusteur et ex-employé du parc d'artillerie, il est également membre des Groupes Francs et participe au CDM (Camouflage du matériel) sous les ordres de Louis Nal. Il est l'une des victimes de la Saint-Barthélemy grenobloise le 25 novembre 1943. Son corps retrouvé à Meylan le lendemain portait une pancarte avec la mention "Abattu par les anti-terroristes". Torturé sans avoir parlé, il a ainsi sauvegardé le stock d'armes caché par la Résistance et dont il connaissait le secret. Il sera décoré de la médaille de la Résistance à titre posthume.

Paul Huillier

1909 (Villard-de-Lans) - 1944 (Grenoble)

Membre des FFI

Il est le fils de Victor Huillier, le fondateur d'une entreprise de transport dans le Vercors. Dès la fin 1942, la famille Huillier met à la disposition de la Résistance l'exploitation forestière de la ferme d'Ambel dont elle est propriétaire avec ses amis Glaudas, Gravier et Grillet pour accueillir les jeunes ne désirant pas partir au Service du Travail Obligatoire (STO).
Dans le même temps, l'entreprise Autocars Huillier est mise à la disposition de la Résistance pour fournir les véhicules et le personnel dont elle a besoin. Paul est assassiné à Grenoble dans la nuit du 20 au 21 août 1944, quasiment sous les yeux de son frère Daniel. Il obtiendra la mention "Mort pour la France" et sera homologué "Résistant", "membre des FFI" et "interné résistant". Il sera aussi décoré de la Médaille de la Résistance à titre posthume.
Il est enterré à Saint-Nizier-du-Moucherotte dans la nécropole nationale au côté de son frère Georges tué en juillet 1944.

Noor Inayat Khan

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1914 (Moscou, Russie) - 1944 (Dachau, Allemagne)

Princesse espionne

Jeune fille calme et sensible, Noor descend de la famille d'un sultan d'Inde du Sud. Installée en France avec sa famille, elle fréquente le lycée de Saint-Cloud puis étudie la psychologie de l'enfance à la Sorbonne et la musique au conservatoire de Paris.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate et que les troupes allemandes envahissent la France, Noor et sa famille partent pour l'Angleterre. Élevés selon des valeurs de non-violence, son frère Vilayat et elle décident néanmoins de participer à la lutte contre le nazisme et elle devient agent secret britannique du Special Operations Executive (SOE).

"Liberté !"

Envoyée en France comme agent radio à Paris, Noor renoue des contacts et transmet des messages importants à Londres. Quelques jours après son arrivée, les dirigeants du réseau sont arrêtés à la suite d'une trahison. Noor s'enfuit et trouve refuge chez d'autres de ses contacts. Alors qu'un coup de filet massif se poursuit au sein du réseau Phono, elle continue d'émettre malgré le danger. Elle échappe de peu à l'arrestation, s'efforçant de reconstituer le réseau démantelé. Activement recherchée par la police qui possède une description précise d'elle, Noor ne peut émettre pendant de longues durées et doit constamment se déplacer. Elle refuse d'abandonner, même lorsqu'on lui propose son rapatriement en Angleterre.
En octobre 1943, Noor est trahie et la jeune femme est arrêtée par la Gestapo.
Suite à ses tentatives d'évasion, elle est traitée comme une prisonnière dangereuse. Isolée derrière des portes d'acier pendant neuf mois, elle est attachée par les pieds et les mains. Malgré la cruauté de ce traitement, Noor refuse de se montrer coopérative. En septembre 1944, elle est déportée à Dachau où elle est battue à mort.
Son dernier mot sera : "Liberté !".

Roger Josserand

1917 (Millau) - 2009 (La Tronche)

Résistant de la première heure

Militant communiste, il s'engage très tôt dans la Résistance. Arrêté le 19 janvier 1941 par la police de Vichy, suite à une dénonciation, il est interné dans de nombreuses prisons de la région lyonnaise puis à Saint-Étienne durant deux ans.
Il sera transféré à la centrale d'Eysses avant d'être déporté via Compiègne à Dachau puis à Buchenwald.
De retour en mai 1945, après avoir été permanent au Comité des œuvres sociales de la Résistance (COSOR), il sera le cofondateur de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes (FNDIRP) en Isère et n'aura de cesse de militer pour la mémoire. Jusqu'à la fin, ses convictions resteront intactes.

André Jullien

Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère
1917-1998

"Briançon"

En juin 1940, l'Aspirant André Jullien tient le Pont de Chabris sur le Cher. Démobilisé en août 1940, il rejoint Grenoble, sous le pseudonyme de Briançon. Il organise en 1941-1942, à son domicile place Grenette, des cercles d'études antinazis pour les étudiants. Il installe également dans son appartement un laboratoire pour fabriquer de faux-papiers. C'est là qu'est imprimé le journal de l'abbé Pierre, l'Union Patriotique Indépendante.
À partir d'avril 1943, ce laboratoire est mis à la disposition de l'Armée Secrète (AS).
Il organise aussi le passage en Afrique du Nord par l'Espagne des personnes traquées par les Allemands. À la fondation du secteur 1 de l'AS, il devient chef de cinq des dix-huit sections A de Grenoble. Le 10 juillet 1943, il prend contact avec le capitaine Lanvin-Lespiau et est nommé chef du 2e bureau (renseignements-propagande) à l'état-major du maquis de l'Oisans.

Émile Kahn

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1876 (Paris) - 1958 (Montpellier)

Socialiste

Attaché au Parti Socialiste, durant l'Occupation il assiste Jean Zay et rend visite à Léon Blum incarcéré à Riom et interné au fort du Pourtalet qui sera ensuite déporté en Allemagne.
Dès la Libération, il reconstitue En 1953, il devient président de la Ligue des droits de l'Homme après avoir entrepris de la reconstituer dès la Libération. Il y investira ses dons d'écrivain et d'orateur jusqu'à sa mort.